@tashrin
Oups !!! quel plaisir de lire ça !
Nos imbéciles de grands-parents, enfin les grands parents de ceux de ma génération qui sont jeunes grands-parents aujourd’hui, écrivaient sans fautes d’orthographes, ni aux accords du participe passé - un véritable délice de subtilité dans toutes ses nuances où rien n’est gratuit, ni aux mots d’usage ; nos imbéciles d’enfants et de petits-enfants en seraient incapables ?
Ne serions-nous pas tous ( pardon, ne seriez-vous pas tous) lavés dans l’eau de l’efficacité du binarisme, réfutant la moindre importance à l’histoire d’un mot qui pourtant a , comme nous, racines, et qui porte en lui un monde de finesse et de précision.
je suis d’accord avec des commentaires plus haut qui disent qu’on n’a rien à foutre de ça aujourd’hui, on a d’autres fers au feu.
Mais j’aimerais que pour continuer à décrire ces fers au feu, s’en offusquer, râler, rire, nous ayons dans notre besace, des desserts voluptueux, des accords parfaits, des concordances harmonieuses, des conjugaisons jolies et variées, des subjonctifs subjectifs, des impératifs menaçants, des conditionnels non-violents, des appositions en exergue, des indicatifs qui précisent les données ou la route à suivre, donc des décisions qui s’accordent, des doutes qui se déchirent, des rêves qui s’organisent dans des parenthèses qu’il nous faut ouvrir.
La langue est notre trésor et vous voudriez qu’on nous en prive ? Comme on nous prive du reste ?
La langue est gratuite, ou elle nous appartient, c’est peut-être la seule chose qui nous restera, et vous voudriez la jeter aux flammes décapantes de l’enfer ? La nettoyer de ses scories ? Ici aussi accélérer gratuitement, je veux dire sans raisons, sa dégradation, comme on dégrade la terre, le ciel et l’eau ?
Car ne nous mentons pas, une simplification ordonnée par en haut, c’est la touche finale de notre dépossession. La rupture, donc le reniement, nous jette dans l’errance, l’erreur de notre destinée. L’erreur qui nous fait suivre une facilité vendue, comme un piège se referme.
Un progrès, un peu comme le micro onde réchauffant une pizza industrielle, comparé au dur labeur de la confection d’un repas dont on veut gratifier ceux qu’on aime.