@alinea
En tout cas ça fait froid dans le dos ! Remarquons qu’au delà du raccourci fulgurant de ce que cette phrase représente au niveau de la pensée totalitaire, c’est à dire faire en sorte que chacun se sente coupable, il y a là une jubilation perverse : On sait que les coupables désignés sont innocents, mais la mégalomanie du pouvoir est exacerbée par le fait de définir le bien, le mal, à l’insu de toute justice, et de toute possibilité aux victimes de se rattacher à une quelconque rationalité, une loi tangible.
Cela débouche sur des états de sidération, d’états de choc, et de régression. Orwell a beaucoup développé cette notion dans 1984 : La vérité d’un jour n’est plus celle du jour d’après. La seule qui tienne, c’est de se mentir, de s’estropier de son jugement, d’adhérer à la meute, qu’elle que soit sa direction. Un cervelet suffit pour marcher au pas. J’aime beaucoup Orwell car il a connu le trimard, la guerre, la misère, ce qu’il fait que ce type ne reste jamais tout à fait un théoricien, se méfiant d’ailleurs de toute théorie, préférant l’homme. Le fait qu’il était boursier à Eton, très méprisé déjà dans le collège qu’il fréquentait avec le même statut l’a fait réfléchir aux notions de mépris, d’exclusion, et de bouc émissaire. « Such, Such were the Joys. » : Récit autobiographique publié après sa mort, mais qu’on ne trouve pas malheureusement en poche. Le regard résilient, sans amertume, qu’il jette en 45, sur ses années de jeunesse pas vraiment cool, sont confondantes de résilience. « En gros, ce qui ne t’abat pas , te rend plus fort ! »