Dénoncé pour de bon ... d’avoir ri !

Nous avons tant de soucis tant de craintes tant de lieux où s'indigner, tant de matière à insurrections.
Néanmoins la dénonciation d'une ironie, que je situe au même niveau de démence que l'arrestation de Dieudonné à Hong-Kong, même si cela n'a rien à voir, on trouve, sous-jacent un détail insignifiant dans ce monde de guerres mais qui enfle et enfle à tordre la décence, à nuire.
Estomaquée, vous voyez où niche la délation déjà, mais nous ne sommes pas en régime dictatorial où notre survie dépendrait de la dénonciation d'une vérité pourtant, mais indésirable.
« M'sieur !! il a dit... » ; « c'est bien mon petit, on s'en occupe.. tu seras décoré... ».
Certains s'en offusquent et pétitionnent ; la plupart s'en fout.
Ainsi vous êtes la majorité dénonçante, ou consentante, assignée à résidence de votre prison mentale, décorée des ors de la lâcheté, nourrie des ratas de l'indignité.
Ce prof a une belle inspiration, il s'adresse à ses collègues, amis égaux ; lui a-t-on ri au nez ? L'a-t-on contredit, conspué, chahuté ?
Non, on l'a dénoncé.
Cela est ignoble immonde intolérable, cela n'a pas de nom, c'est innommable.
Oh, on verra s'il écope plus que l'auteur du « casse-toi pov'con », vous vous souvenez, je veux dire le plagiaire. Nous verrons alors si l'on est tombé encore plus bas.
On va laisser faire jusqu'au fond ?
Quelle complaisance, quelle complicité inquiétantes, quelle peurs sourdes, irrationnelles étreignent nos universitaires, à eux on confie nos enfants ? À ces pleutres, ces collabos...
Laissez moi hurler.
Et sachez que les tribunaux n'ont rien d'autre à faire.
Fermez-la, nous, nous défendons la liberté d'expression. La nôtre.
On est libre de s'exprimer, mais pas de dire n'importe quoi à n'importe qui. Bon, sauf si on est Charlie. Mais ce que nous propose cette histoire comme champ de réflexion, n'a rien à voir avec cette liberté là, élastique, capricieuse, c'est selon. Elle nous plonge dans l'angoisse de la désormais attitude juste autorisée, voire encouragée, car affronter un collègue ou ami, la gueule ouverte, n'est pas donné à tout le monde, en revanche trahir en se cachant derrière le pouvoir, l'administration, la Justice, quelle assurance !
Aveu de faiblesse, oh combien, mais tellement partagée que la meute silencieuse a le dessus.
Avignon, c'est pas Jussieu, c'est pas Vincennes ! Les gens se connaissent, et ce que l'on peut supputer sans hardiesse de cette affaire, c'est qu'il s'agit bien d'une question personnelle ! L'histrion malgré lui n'a pas, j'en donne ma main à couper, idée en faisant son bon mot qu'il met sa tête à prix. Sans doute peu avisé et perspicace sur la nature humaine, il n'a jamais décelé la pleutrerie chez son pourtant président ; or, celui-ci, en lisant ce machin a le sang qui bout, les jambes qui flageolent à la simple évocation de l'idée que le Ministre, lui faisant l'honneur de visiter sa bâtisse, puisse apprendre qu'ici même en ces lieux, quelqu'un, dont lui-même a le devoir de surveillance, s'est gaussé de Lui. L'affaire lui paraît trop lourde à porter, il ne peut s'acheter toutes les consciences et bravache comme pas deux, prend les devants. Mince, le faisant, il fait le buzz !! En tout cas, blanchi à la chaux, il peut présider en paix, on s'est donné le mot dans la fac : botus et mouche cousue, c'est notre venise !
Creusons un peu ; ceci aurait-il été possible il y a peu, quelques années, disons, avant 2007 ? N'y a-t-il pas eu là, tout soudain, une magnifique licence pour les graines de collabo qui ont trouvé terroir à s'épanouir ? On ose tout quand on sait qu'on peut !!
Mais cela évoque d'autres choses aussi, certes le côté enfantin de qui veut plaire au pouvoir n'est pas très reluisant, mais s'il y avait la peur ? Elle n'est pas réservée aux illettrés des rues, la peur, bien au contraire. Surtout celle-là ! Peur d'être mal notée, hein, mal famée, peu aidée, la fac. Tout ça pour un mec qui vit dans son monde antérieur, on dit " rêveur" par ici.
Il n'a pas exprimé " nous sommes tous des blancos", au Ministre, le blanc président, il a laissé entendre, assez fort cependant pour qu'on le comprenne, " nous sommes bien d'accord avec vous", à moins de ne pas s'en mêler.
Car on ne peut pas prendre au sérieux l'accusation dont le professeur est l'objet : incitation à la haine raciale ! Ça ne tient pas debout, et pourtant, n'ayant pas sous la main une loi qui interdise la répétion des paroles - qui n'étaient pas ministérielles à l'époque - il a bien fallu trouver quelque chose. Ne me dîtes pas que j'ai mauvais esprit, ne me dîtes pas que le recteur a pris ces lignes au premier degré ! Car ce serait encore pire, dans la bêtise ; mais pas de risques, les engagements de l'anthropologue étaient connus de tous ; nous avons bien affaire à l'ignominie la plus complète, la mauvaise foi, l'abjection de la délation.
On peut supposer, qu'en prenant au mot le coupable de bons mots, on s'en soit référé à la bulle éclatée à la Cour Européenne au sujet du pov'con, et qu'il fallait couper court au recours !
https://www.contrepoints.org/2013/03/18/118579-casse-toi-pauv-con-devant-la-cour-europeenne
Éviter la jurisprudence et aller dans le sens du vent ! Ce n'est donc pas une indignation qui provoque l'impulsion. Mais un calcul, une belle occasion de nuire. Peu importe le mensonge.
Avignon, ville des bobos qui exultent, spectaclant des qui se dépoilent sur la place publique, y pissent y chient, seulement couverts d'art.
Avignon, ville de gauche, comme le Ministre. On a son honneur et sa place à tenir, sans doute. Avignon, la ville de la liberté d'expression !!! Expression artistique bien sûr.
Dans la ville d'un Palais, d'un Pont et d'une danse en rond, au tribunal le 27 janvier, une amende de 2000 euros avec sursis a été requise ; demain, aujourd'hui, le 10 février, le jugement sera rendu.
On ne s'inquiète pas pour le porte-monnaie de l'hélléniste, ils se sont mis nombreux pour payer les frais d'avocats ; on s'inquiète que l'on puisse porter au tribunal un bon mot que l'on n'a pas apprécié ! On s'inquiète que l'affaire soit traitée. Pour arrêter cette hémorragie du bon sens et du respect, il faudra un Procureur sans influences, sinon, tout sera permis.
En attendant, et pour contrer cette possibilité par la submersion, écrivons nos ironies, braillons nos colères, plutôt que se taire. Inondons les tribunaux d'affaires de ce tonneau.
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