@ njama
Pour appréhender tout cela, il faut demeurer sur la question des principes. L’une des autres innovations infectes de Moïse est ’tu dois parce que Dieu - point final’. Elle sera reprise par Mahomet, puissance mille. Donc, tu ne peux discuter sinon à la marge, généralement le simple fait de déjà avoir la volonté de discuter est signe d’hérésie. C’est le règne de l’obéissance aveugle, de la ’soumission’ et c’est assez crétin car inévitablement, la Parole ne peut perdre que tout son sens et finir par mourir, n’étant plus vivante, animée. C’est aisé à comprendre : le grand-père trace le signe de croix sur le pain avant de le trancher et il sait expliciter ce que ce geste recouvre ; le père, lui, fait de même mais dit ’je ne sais, je l’ai toujours vu faire’ ; enfin, le fils dit ’abandonnons cela, ça n’a pas de sens’. Aussi, on peut comprendre que sur le plan de la spiritualité, l’apparition du monothéisme n’est en fait qu’une formidable décadence, une fabuleuse perte de sens du réel.
Avant cette innovation atroce, qui est donc aussi une sorte de châtrage - circonscrire à une dimension/perception des choses étroite, c’est une manie décidément, comme on doit haïr l’Homme, soi-même !, pour toujours vouloir le diminuer -, la morale a un sens pragmatique. La question ne se pose pas dans les termes bien/mal mais faste/néfaste. Et ce qui est mis en question, ce n’est pas l’acte en lui-même mais les conséquences qu’il génère. Par exemple, le dieu ne dit pas à Eve que manger la pomme est mal en soi, il le justifie par les conséquences : ’tu en mourrai’. La focalisation se situe sur les conséquences, non sur l’acte lui-même. On est pas du tout dans une dimension bien/mal/morale mais faste/néfaste. Une dimension utilitaire, pragmatique.
On peut comparer avec ça :
’Aucun de vous ne s’approchera d’une femme qui est sa proche parente, pour découvrir sa nudité. Je suis Iahvé.
[...] Tu n’auras pas commerce avec la femme de ton prochain, pour te souiller avec elle.’ Etc, etc.
Si la circoncision était un rite lié aux fiancailles, il s’agit en fait d’un marquage destiné à éviter l’adultère/sacraliser l’union* parce que l’adultère entraîne des conséquences désastreuses, imaginaires ou réelles. Cela implique une licence très large : ’tu peux avoir des relations sexuelles avec qui tu veux mais pas avec celui-là, qui est marqué’. Il n’est tout de même pas difficile de deviner l’impact sur la psyché : dans un cas, l’acte sexuel en soi devient ordurier et dans l’autre, ce n’est pas lui qui est incriminé.
Moïse : ’Tu ne découvriras pas la nudité de ta soeur, fille de ton père ou fille de ton père, née dans la maison ou née hors de ta maison ; tu ne découvriras pas leur nudité"*.
Abraham : ’De plus, il est vrai qu’elle est ma soeur, fille de mon père ; seulement,
elle n’est pas fille de ma mère ; et elle est devenue ma femme.’
[une des autres innovations infectes du Moïse est le patriarcat. Abraham vivait sous le régime matriarcal et c’est aisé à démontrer. Dans le matriarcat, l’identité se transmet par la mère ; les personnes de même identité ne peuvent avoir de relations sexuelles. On comprend du propos d’Abraham que son père a fait deux mariages. Si l’identité se transmet via le père (cas du patriarcat), les enfants des deux lits porteraient la même et ne pourraient s’unir. Mais dans le cas du matriarcat, père D’A identité X, épouse 1 Y, épouse 2 Z = fils Y, fille Z, les deux peuvent convoler. La fin du propos d’Abraham révèle aussi à quel point l’union est sacralisée.
Sacré Moïse.]
[*comme je l’ai dit, il me semble que la connaissance de la mécanique sexuelle est au centre de tout cela. Sans cette connaissance, des idées comme la monogamie, la fidélité, etc, sont impossibles. Et c’est également à partir de ce préalable qu’un ordre organisé, autre que naturel devient possible.]