Même si je n’adhère pas à tout votre propos, j’ai trouvé votre article très intéressant et apporte un point de vue nouveau.
Le Boston Globe, ce n’est pas la feuille de chou alternative qualifié de conspirationniste, mais bel et bien une pièce importante du mass média Américain. Et cet article est une rareté. ça fait des années que je n’ai rien vu de tel dans la presse internationale.
Dès l’introduction, on est dans le lourd :
« COVERAGE OF the Syrian war will be remembered as one of the most shameful episodes in the history of the American press. Reporting about carnage in the ancient city of Aleppo is the latest reason why. »
On se rappellera de la couverture de la guerre en Syrie comme l’un des épisode les plus honteux de l’histoire de la presse Américaine. Et les récits sur les carnages dans l’ancienne cité d’Alep en sont l’illustration la plus récente.
La suite est dans le même ton, avec une étonnante lucidité et franchise sur ce que la presse est devenue :
Under intense financial pressure, most American newspapers, magazines, and broadcast networks have drastically reduced their corps of foreign correspondents. Much important news about the world now comes from reporters based in Washington. In that environment, access and credibility depend on acceptance of official paradigms. Reporters who cover Syria check with the Pentagon, the State Department, the White House, and think tank “experts.” After a spin on that soiled carousel, they feel they have covered all sides of the story. This form of stenography produces the pabulum that passes for news about Syria.
Sous intense pression financière, la plupart des journaux Américains, des magazines et des télévisions ont drastiquement réduit le nombre de leur correspondants à l’étrangers. Les actualités internationales les plus importantes viennent maintenant de reporters basés à Washington. Dans cet environnement, l’accès aux informations et à la crédibilité dépendent de l’acceptation de la parole officielle. Les journalistes qui couvrent la Syrie authentifient leurs informations avec le pentagone, le département d’état, la maison blanche et les « experts » de think tank. Après avoir fait le tour de ce sale manège, ils ont l’impression d’avoir toutes les facettes de l’histoire. Cette forme de sténographie produit les légendes qui passent pour de l’information sur la Syrie
et un petit dernier extrait pour la route :
Inevitably, this kind of disinformation has bled into the American presidential campaign. At the recent debate in Milwaukee, Hillary Clinton claimed that United Nations peace efforts in Syria were based on “an agreement I negotiated in June of 2012 in Geneva.” The precise opposite is true. In 2012 Secretary of State Clinton joined Turkey, Saudi Arabia, and Israel in a successful effort to kill Kofi Annan’s UN peace plan because it would have accommodated Iran and kept Assad in power, at least temporarily. No one on the Milwaukee stage knew enough to challenge her.
Inévitablement, cette forme de désinformation a débordé sur la campagne présidentielle Américaine. Au dernier débat dans le Milwaukee, Hillary Clinton a prétendu que les efforts de paix de l’ONU en Syrie étaient basés sur « un accord que j’ai négocié en Juin 2012 à Genève ». C’est l’exact contraire qui est vrai. En 2012, la secrétaire d’était Clinton s’est joint à la Turquie, à l’Arabie Saoudite et à Israël dans un effort couronné de succès, pour tuer le plan de paix de Kofi Annan car il ménageait l’Iran et aurait conservé Assad au pouvoir au moins temporairement. Pas un journaliste sur cette scène du Milwaukee n’en savait assez sur le sujet pour corriger cela.
Voilà, l’article vaut vraiment le coup pour une fois. Quand j’ai lu ça, j’ai cru tomber de ma chaise.
A quoi reconnait-on que les Russes ont réussi une opération : lorsque la presse change de ton, et commence à parler d’elle même avec franchise. Que l’on se rassure : ça ne dure qu’un temps, et la presse redevient très vite comme d’habitude, c’est à dire foncièrement malhonnête.