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Commentaire de Sylvain Reboul

sur Les limites d'un style


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Sylvain Reboul Sylvain Reboul 7 mars 2007 12:33

Vos opinions sur les interventions de SR et sur l’évolution du PS (qui ne peut pas, en effet, se faire par un coup de baguette magique électoral) ne sont que des opinions ; elles sont respectables mais vous le signaler vous-mêmes en les mettant en guillemets, elles ne sont que la conséquence de l’écume médiatique qui accompagne sa candidature et sa campagne.

Ce qui pose problème dans votre article c’est que vous vous prévalez de certains procédés purement rhétoriques des médias dont l’objectivité est pour le moins problématique (et ce n’est pas un reproche à leur adresser) pour justifier une position sur le fond de sa démarche et de ses propositions ce qui est tout à fait rationnellement contestable.

1) La démarche participative, pour qui y a participé comme moi, a été un succès politique SR face aux résistances de membres de dirigeants de PS qui s’y sont ralliés et sa proposition d’observatoires ou jurys citoyens continue d’être approuvée par un très grande majorité de citoyens.

2) La vision dynamique de la dette est la seule juste pour un grand nombre d’économistes parmi les plus importants en France, dès lors qu’elle doit pouvoir servir de fond d’investissement pour sortir du marasme actuel (« un euro dépensé doit être un euro utile ») ; refuser tout déficit des dépenses publique de fonctionnement sans voir que beaucoup d’entre elles préparent l’avenir et la santé économique et sociale du pays (enseignement, recherche, écologie, sécurité sociale, aides aux entreprises innovantes par la collaboration entre services publics de recherches et entreprises privées, réduction des inégalités et des discriminations etc...). La différence entre dépenses d’investissement et dépenses de fonctionnement ne recouvre pas du tout celle entre dépenses utiles et dépenses nuisibles au juste développement du pays. Comme le dit Fitoussi : Il est absurde de se prononcer sur le coût d’une programme social et économique sans calculer ce que cela peut rapporter du point de vue du dynamisme sociétal. Inscrire cette règle absurde de refuser tout déficit annuel de des dépenses de fonctionnement (en grande partie indiscernable des dépenses d’investissement) dans la constitution (incroyable mais vrai ; on voudrait faire que l’état ne puisse rien pour l’économie et la société on ne ferait pas autrement) ; c’est confondre l’économie d’un pays avec la gestion comptable et annuelle d’un bilan d’entreprise (et encore). N’oublions pas non plus que cette dette et ses intérêts sont aussi dûs et payés pour moitié à des français qui les réinvestissent dans l’économie. Cette stupidité macro-économique confondue avec la micro-économie et celle-ci du reste avec la comptabilité annuelle fiscale, suffit à caractériser le programme de FB : au delà de ses déclarations verbales social-démocrates cette proposition est hyper conservatrice et, au fond même pas ultra-libérale : la logique dite à tort ultra libérale consiste en fait non pas à désengager l’état mais au contraire à socialiser les pertes pour mieux privatiser les profits, comme on le voit tout les jours. Qu’il y ait des économistes pour soutenir cette proposition est tout simplement logiquement confondant, d’un simple point de vue pragmatique du reste : Si FB était élu, il ne pourrait la tenir plus d’un mois, sauf à transférer cette dette dite de fonctionnement (comme investissement) de l’état sur les régions, comme en Allemagne, ce qui du reste, ne serait pas sans une plus grande efficacité).

Votre analyse biaisée par vos préjugés (tel que celui qui voudrait que la résorption d’une dette , voire une situation de non-dette garantie par la constitution, serait une fin en soi). Il y a d’autres procédés pour diminuer la vraie dette stérile, voire nuisible de fonctionnement : réduire les dépenses de l’état qui ne rapportent rien en réorganisant les services publics et en évitant toutes les dépenses somptuaires ou dues à la non coordination de services connexes- cas flagrant, par exemple du... ministère des finances et des différentes trésoreries, services informatiques et centres des impôts). Pour ce qui concerne la dette globale il faut aussi revenir sur la démagogie de droite anti-accroissement des impôts pour les plus fortunés et pour le capital spéculatif à court terme. Du point de vue de la dette, le programme de FB est plus conservateur et statique encore que celui de NS. c’est un comble pour quelqu’un qui parfois se réclame de la justice sociale.

Que des ex-fabusiens, hauts fonctionnaires du ministère des finances ou dirigeant d’une grade banque privée, puissent soutenir le programme (anti)économique de FB en dit long sur la nature de leur versatilité idéologique : la raison a plus à voir avec le sexe et la démarche politique de la candidate du PS qu’avec son projet.

3) Sur le plan politique, FB, s’il gagne, ce qui reste encore très improbable, mais pas impossible, ne fera pas plus disparaître le PS que l’UMP et il sera bien forcé ; s’il veut gouverner de s’allier avec l’un ou l’autre. Nous verrons bien alors s’il maintiendra sa proclamation de tout ramener à la réduction de la dette, sans souci des conséquences en terme de fonctionnement utile à l’investissement. F .Fillon, quant à lui, a déjà déclaré que l’UMP n’opposera aucun candidat de son parti à ceux de l’UDF élus dans leur circonscriptions, à condition que FB ne rompe pas le pacte majoritaire qui fonctionne très bien encore dans les régions et les départements.

SR , quant à elle, continuera, quoiqu’il arrive, son effort de modernisation du PS, lequel, s’il n’aboutit pas aujourd’hui à la victoire (qui reste à portée comme tout analyste sérieux le sait) , se prolongera au delà, n’en doutons pas. Elle le fera d’autant plus facilement si elle gagne bien sûr et, si elle perd ,n’oublions pas que les prochaines élections présidentielles sont dans cinq ans et qu’elle est jeune, sincère et ambitieuse au sens noble du terme et j’ajoute, pour faire râler certains puritains bayrouistes, authentiquement féminine et belle.


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