"On comprend alors très vite
pourquoi il a fallu faire de Staline un monstre, et de l’URSS une horreur : le grand capital a eu
la pire frousse de toute son histoire."
Cette explication ne
tient aucun compte d’une réalité bien antérieure à Staline, au stalinisme et à
ses atrocités : du moment qu’Henry Ford a pensé, dans les années 1910, que les
ouvriers devaient pouvoir se payer une bagnole, il fallait bien verser des salaires
en conséquence.
C’est à
rapprocher de ce qu’écrivait Elysée Reclus, une quinzaine d’années plus tôt, à
propos de la condition d’un prolétaire, qui consacrait la moitié de ses revenus
à l’alimentation :
« Les
conditions mêmes de la vie nous dictent le voeu capital. Les cris, les lamentations
qui sortent des huttes de la campagne, des caves,
des soupentes, des mansardes de la ville, nous le répètent
incessamment : « Il faut du pain ! »Toute autre considération
est primée par cette collective expression du besoin primordial de tous les
êtres vivants. L’existence même étant impossible si
l’instinct de la nourriture n’est pas assouvi, il faut le satisfaire à tout prix et le satisfaire pour tous, car la
société ne se divise point en deux parts, dont l’une resterait sans droits à la
vie. « Il faut du pain ! »… » Elysée Reclus,« L’évolution,
la révolution et l’idéal anarchique » (1897)