@Jean J. MOUROT
On pourrait ajouter que bien des « arabo-berbères » algériens cherchent
aujourd’hui à quitter leur pays ! Comme quoi l’indépendance ne règle pas
tous les problèmes mais au contraire en crée d’autres !
En 1962, beaucoup
d’Algériens ordinaires souhaitaient que leurs voisins pieds-noirs
continuent de vivre sur le territoire qui les avait vus naître tout
comme eux, qui avaient grandi comme eux à l’école et sur la plage,
et continuent d’apporter leur contribution au pays, qu’il s’agisse
des fonctionnaires, des commerçants, de retraités touchant leur
pension de France, qu’ils n’avaient jamais vue, et la dépensant ’’au
pays’’.
Mais cela déplaisait
fortement aux islamistes, nombreux dans le FLN, qui n’acceptaient pas
le laïcisme à la française et les églises catholiques sur un
territoire de ’’l’oumma’’ et craignaient que le bilinguisme
arabe-français (le français étant la langue de l’enseignement
secondaire et supérieur) permettrait à l’ex-métropole de continuer
à influencer culturellement la nouvelle république dans le sens
d’une modernité qu’eux récusaient formellement et qu’ils refusent
toujours aujourd’hui dans tous les pays musulmans malgré les
aspirations d’une majorité de jeunes, en particuliers de jeunes
femmes. Ce qui explique une bonne partie des tensions qui déchirent
et déchireront encore longtemps ces pays.
S’ajoutait à cela,
au sein du FLN toujours, la crainte inavouée des chefs de combat de
perdre leur prééminence dans la paix et de n’avoir pas les
capacités pour entrer dans la nouvelle élite sociale si de nombreux
pieds-noirs continuaient d’en constituer la majorité. Ils voulaient
une société post-coloniale militaire et musulmane pour conserver
leurs privilèges.
Pour ces deux
groupes d’individus, il fallait absolument purger l’Algérie des
Français et des harkis. Les derniers en les assassinant, puisque
lâchement la république française les abandonnait.
Certes l’OAS a joué
son rôle dans le creusement du fossé séparant artificiellement les
deux groupes sociaux, mais sans l’attitude des dirigeants du FLN,
cela n’aurait pas abouti à la fuite de tous les pieds-noirs après
le retour du contingent en métropole.