@Pomme de Reinette
Vous
savez j’ai fait mon service militaire en 73, et les instructeurs que j’avais
avaient pour la plupart fait l’Algérie. Des crapuleries, et des horreurs, j’en
ai entendu tant et tant que j’avais parfois envie de me boucher les oreilles,
quand ils débitaient leur passé, leur « corvée de bois » au mess, et
des choses que je ne peux pas raconter sans en avoir honte pour eux, et pour l’humanité.
Car j’étais dans une petite garnison,
où il y avait une certaine promiscuité entre hommes du rangs et officiers.
Un
commandant, deux ou trois capitaines, trois lieutenants, deux adjudants dans une espèce de
désert des tartares ; mis à l’écart en attendant la fin de leur carrière.
Le
seul avec qui j’avais du respect était un adjudant qui avait fait pratiquement
toute sa carrière en forteresse militaire en Algérie, pour avoir refusé
d’exécuter des ordres ; c’était le fils d’un général, un brave type, arrêté net dans sa
promotion..Il avait fait les enfants de troupe, une autre monstruosité
dont il me parlait et qui l’avait vraiment cassé déjà....Rien à branler des
journées entières, faisant tourner les jeep et les camions, pour les épreuves d’entretien avant de les stocker par centaines, attenant une guerre improbable, écoutant les événements
du chili à la radio....Un jour l’adjudant nous a demandé à quelque uns d’entre nous en qui
il avait confiance d’enterrer son chat avec les armes, au fond du camp, sans que ça se sache....Ce qu’on a fait, par
respect pour lui et sa folie compréhensible, sans rien dire. C’est des
souvenirs dézingués de régiments ; dieu merci je n’avais pas vingt ans en 60
A
santiago on torturait dans les stades....Parfois à la gégène, comme en Algérie.
Ca rappelait des souvenirs à certains, sur fond de bouteille de kro, qui se laissaient aller ; une autre
arme létale pour certains . Une guerre, ça fait des victimes dans le temps court, et dans le temps long