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Commentaire de antoine (Montpellier)

sur Espagne. Le point sur la crise de Podemos


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antoine (Montpellier) antoine (Montpellier) 25 mars 2016 18:36

@M de Sourcessure
Il faut aller au fond des choses. Le nom Podemos ne vient pas en ligne droite de Barak Obama. En Espagne c’est dès 2009 la PAH, la Plateforme des Victimes des Hypothèques, qui a utilisé l’expression « sí se puede ! », « oui on peut ». Je me suis un peu arrêté sur cette organisation sociale qui jouit d’un prestige énorme en Espagne puisqu’elle intervient au coeur de ce qui a fait la crise en Espagne en 2008 : le « système des hypothèques ». On retrouvera des infos sur cette organisation ici : https://npa2009.org/idees/international/etat-espagnol-crises-et-mobilisations-espoirs-et-questions

Cette filiation directe entre la PAH, plus globalement les Indigné-es mais aussi les Marées, est attestée par ce qu’en dit Ada Colau, l’ancienne présidente de la PAH, devenue maire de Barcelone avec l’appui de Podemos. Pour tout dire, bien que ne regrettant pas cet accord, elle exprime des réserves vis-à-vis de Podemos et plus particulièrement de Iglesias. Justement, entre autres choses, sur le choix de se faire appeler Podemos : « Cela nous a beaucoup déplu qu’ils choisissent le nom de Podemos » a-t-elle écrit alors que c’est son organisation qui avait fait du « Oui, on peut » son slogan dans la rue ! voir ici : http://ccaa.elpais.com/ccaa/2016/03/20/catalunya/1458502186_714721.html

Tout cela pour dire 1/ qu’il est faux de créer une continuité directe entre le slogan de Obama et le nom de Podemos et 2/ que le fait que le chaînon intermédiaire soit une magnifique organisation de lutteurs et lutteuses sociaux ruine la caricature qui est faite de Podemos et même des Indigné-es comme « non-populaires » ! Est oublié en particulier que les Marées ont répercuté sur les lieux de travail, principalement l’Education et la Santé, la dynamique des Indigné-es (voir aussi mon texte dont j’ai donné le lien plus haut).

Que Podemos se soit construit comme organisation verticaliste, qu’il dévie vers les institutions les aspirations des Indigné-es est une chose. Que tant les Indigné-es que Podemos ne correspondent pas au schéma canonique du prolétariat révolutionnaire est certain. Mais où ce schéma est-il ancré aujourd’hui dans les peuples ? Le grand mérite de Podemos, malgré ses limites, c’est de déstabiliser le « système » bipartite qui gouverne l’Espagne sans interruption depuis 1978. Aucun parti prolétarien, communiste, etc. n’a été en état de faire le 100e de ce qu’ont fait les Indigné-es et Podemos pour faire exploser ce système en Espagne. Que Podemos ne sache pas exploiter ce qu’il a commencé à faire ne devrait pas amener à dire « Podemos, c’est mort ». Dans ce que j’écris, je montre que Podemos ce n’est pas seulement une direction qui d’ailleurs vient d’entrer en crise, il y a des possibilités de le réorienter en particulier dans un sens anticapitaliste. C’est ce que porte le courant Anticapitalistas de Podemos, dont je parle dans ce billet, avec son projet de se connecter avec le syndicalisme de lutte du SAT ou la CUT. Voilà pourquoi il faut éviter les simplismes du type « le nom Podemos ça mène à Barak Obama ». Dernière précision : le patronat espagnol et tout ce qui fait le « système » en Espagne ont déclaré Podemos ennemi n° 1. Parfois la bourgeoisie voit mieux les choses que certains communistes, comme ceux auxquels Sourcessure nous renvoie pour dégommer Podemos au nom d’une pureté révolutionnaire qui présente un gros défaut : elle est un couteau sans lame !


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