@Zolko
Vous avez en partie raison... mais en partie seulement. Ces produits sont globalement appelés en France produits phytopharmaceutiques (appellation datant d’avant la seconde guerre mondiale)[*] ou plus couramment produits phytosanitaires. La loi d’homologation de novembre 1943, reprise par une ordonnance de 1945, les appelait « Produits antiparasitaires à usage agricole et assimilés ». La transposition en droit français des directives européennes a donné aux « matières actives » le nom de « substances actives » (la « registration » se fait au niveau européen, EFSA et DG-Sanco) et les spécialités commerciales ou produits sont appelées préparations phytopharmaceutiques.
En fonction des cibles visées, ces substances et produits sont appelés herbicides, fongicides, bactéricides, insecticides, acaricides, rodenticides, etc. Les insecticides étaient appelés pesticides chez les anglosaxons (de pest : arthropodes ravageurs et parasites). Il se trouve que la connotation française « peste » convenant à une caractérisation négative de ces produits, dans les années 90 le mot pesticides a fait florès dans l’opinion publique au point que les scientifiques et les agronomes ont modifié les règles lexicales, la nomenclature, il y a une quinzaine d’années.
Mais il y a toujours une double ambiguïté sur ces produits « de protection des cultures ».
La première provient de la différenciation entre produits chimiques de synthèse : en fait de la synthèse organique, branche de la pétrochimie, et produits chimiques d’extraction naturelle (autorisés au cahier des charges de la l’agrobiologie) tels que les cupriques (oxyde cuivreux, oxychlorure, hydroxyde, sulfate de la bouillie bordelaise) ou le soufre (poudre et mouillable).
La seconde du fait qu’il y a les produits chimiques, ceux de l’agriculture dite « conventionnelle » et ceux de la « bio » (cf ci-dessus) et tout un tas d’autres « préparations » à base de microorganismes ou des toxines de microorganismes par exemple. La réglementation est en train de clarifier tout cela, mais il est vrai que ce n’est pas... évident !
Car, pour encore compliquer, il y a les « macroorganismes » de la « lutte biologique » : larves et adultes d’arthropodes parasitant ou dévorant les insectes parasites, ou se nourrissant de champignons parasites. Il y a aussi les médiateurs chimiques comme les phéromones des attractifs (pièges) sexuels qui se généralisent en arboriculture fruitière et dans certains vignobles, en bio évidemment mais aussi en « conventionnel »...
Restent les PPNP (non préoccupantes) : purins, tisanes et décoctions de plantes diverses (euh... de plantes non toxiques bien entendu). Il est de fait que les pouvoirs publics européens ont du mal à accorder leurs violons sur les procédures courtes et peu onéreuses de « registration » (autorisation de mise au marché). Qu’elles soient inefficaces, peu efficaces, voire assez efficaces en cas de pression parasitaire faible, ces préparations, biodégradables, ne posent en fait que des problèmes de « normes » (genre concentration, ou densité, etc) pour que le marché concurrentiel ne soit pas faussé. Ensuite, c’est la satisfaction ou non des utilisateurs qui fera le marché...
[*] Le labo de l’INRA Versailles qui, depuis 1945, suivait le processus d’homologation et menait des études sur les produits s’appelai Station de Phytopharmacie. Elle a cédé le bébé à l’AFSSA devenue ANSES au début des années 2000. L’UIPP (les industriels) s’appelait dès après la guerre Chambre Syndicale de la Phytopharmacie.