@Elliot
L’intervention en Libye fut effectivement une catastrophe.S’agissant de la diplomatie, celle officielle fut assez efficace pour créer une coalition sous les auspices de l’ONU, ce qui ne fut même pas le cas pour le Mali où nous nous retrouvâmes bien seuls alors que la menace des intérêts occidentaux étaient réels. Car Kadhafi ne représentait au moment où on l’attaqua aucune menace pour nous, pas davantage que Assad d’ailleurs. C’est bien pour ces raisons qu’il faut bien trouver les raisons cachées de cette intervention en Libye et de cette position intransigeante vis-à-vis de Assad que notre glorieux président aurait voulu transformer en intervention armée. Comme au Mali il s’est retrouvé bien seul au moment crucial, mais cette fois n’avait pas les moyens de mener seul sa guerre. C’est à la fois heureux parce qu’on devine déjà qui régnerait en Syrie aujourd’hui, et malheureux car ça nous rappelle la réalité de notre puissance militaire et notre dépendance vis-à-vis du grand frère dès lors qu’on passe à des choses sérieuses.
Dans les deux affaires, on trouve systématiquement le Qatar, avec d’une part son appétence au pognon (visées sur le pétrole libyen, et gazoduc vers l’Europe devant traverser la Syrie) et sa proximité avec les fondamentalistes islamistes. Et il est facile de faire ce parallèle de l’évolution des « amitiés » de la France avec Kadhafi et Assad, avec celle entretenues entre le Qatar et les mêmes individus. ça se superpose parfaitement.
On savait très bien, des rapports ont été publiés, un notamment excellent et public du Centre Français de Recherche sur le Renseignement au moment même où le « printemps libyen » commençait, ce qu’était l’opposition libyenne et le fameux CNT. On savait très bien que les islamistes attendaient leur heure. On en a donc été les complices objectifs, de même que nous le fumes et sommes encore en Syrie, mais sous une autre forme. Le blabla autour des islamistes modérés est une grosse ficelle qui a d’ailleurs de plus en plus de mal passer dans l’opinion publique, tandis que celui autour d’une opposition démocratique comme alternative possible est une grosse rigolade.
Ce qui est assez remarquable c’est cette continuité parfaite entre Sarkozy et Hollande sur ce plan, signe probable, je devrais dire évident, d’une soumission à des intérêts extérieurs.
Et nous en sommes arrivés à ce stade qu’en Libye désormais nous (les occidentaux en général) somme contraints de soutenir une espèce de coalition formée par les frères musulmans et al qaida pour contrer l’Etat islamique. Cela dit Fabius trouvait que al nosra faisait du bon boulot en Syrie. Au moins on est cohérent.