En déclarant qu’une centaine de quartiers, en France, « présentent des similitudes potentielles »
avec le quartier de Molenbeek à Bruxelles, le ministre de la Ville
Patrick Kanner a jeté un pavé dans la mare. Aussitôt, Jean-Christophe
Cambadélis et Julien Dray se sont prononcés contre toute « stigmatisation ».
Tandis que Manuel Valls évoquait une responsabilité collective de ceux
ayant exercé le pouvoir au cours de ces dernières décennies.
Comme à l’accoutumée, tout était dit, et on pouvait continuer à faire
comme si rien ne s’était passé. Pourtant, une analyse de notre passé
révèle que les politiques de la ville liées aux politiques migratoires
et sécuritaires désastreuses menées ces trente dernières années ont
indubitablement conduit aux résultats que nous connaissons aujourd’hui
en matière de criminalité et de terrorisme.
En ce qui concerne les politiques de la ville mises en œuvre depuis
le milieu des années 80, les rapports successifs de la Cour des comptes,
que l’on ne peut soupçonner de parti pris, n’ont cessé d’en dénoncer
les dysfonctionnements. Que ce soit en 1995, en 2002 ou en 2012, les
rapports de la Cour font les mêmes constats : trop de quartiers
concernés, politiques insuffisamment pilotées, faible mobilisation des
politiques publiques, répartition insatisfaisante des moyens, objectifs
nationaux mal identifiés, projets urbains mal définis, et la liste est
longue des reproches faits à une politique qui a coûté des milliards au
contribuable français. Et, de fait, comme le souligne M. Valls, ces
constats touchent autant les gouvernements de droite que ceux de gauche.
Mais nous savons, depuis un certain M. Fabius, que l’on peut être
responsable sans être coupable.
Pour ce qui relève des politiques migratoires mises en place en
France au cours de ces dernières années, on sait maintenant qu’il
s’avère impossible, notamment depuis 2009 et la réforme des types
d’autorisations de séjour, de déterminer avec précision qui entre et qui
sort du pays. Toutes les réglementations ne font que rendre plus
difficile encore la gestion de ce dossier épineux qui s’avère porteur de
graves dangers. L’actuelle crise des migrants, et les corrélations
établies avec les actes terroristes survenus en novembre 2015 à Paris,
en constituent la parfaite illustration.
Dans ce contexte, il appartient également aux élus locaux, pour
lesquels la politique de la ville ne fut pendant longtemps qu’une simple
manne financière destinée à subventionner des associations
complaisantes, de se réveiller. Il ne suffit pas de déclarer qu’on n’a
pas de « zones de non-droit » pour que ce phénomène disparaisse comme
par enchantement. Le mal est aujourd’hui profond et ne pourra être
combattu que par des responsables politiques déterminés. Si on continue
de fermer les yeux, ce n’est pas une centaine de Molenbeek à la
française qui sera à craindre – chiffre sans doute en dessous de la
réalité -, mais des centaines puis des milliers.