Je n’ai pas lu tous les commentaires, mais pour le moment il ne semble pas qu’il y ait des réactions de femmes de mon âge, 76 ans. J’ai été militante féministe dans les années 1970. Pendant une bonne dizaine d’années, en compagnie d’autres femmes et quelques hommes, j’ai marché, marché, marché en criant des slogans pour obtenir l’égalité des droits pour les femmes et les hommes. J’ai animé quelques réunions et réalisé des actions de toutes sortes pour faire prendre conscience de l’ignominie et de l’irrationalité que pouvaient représenter toutes ces différences qui faisaient encore des femmes des êtres mineurs dans notre Droit. De nouvelles lois ont rétabli l’équilibre, il restait à changer les mentalités et cela s’annonçait devoir être long... Aussi, imaginez quel a pu être mon ressenti quand est arrivée l’époque de la multiplication des voiles sur le marché de ma ville : plus de dix années d’efforts, pour mes camarades d’alors et moi, pour rien ! Dix années réduites à zéro ! Dix années que nous n’avons plus la force de recommencer !
Les voiles parlent :« Elle est soumise à Dieu et aux hommes parce qu’elle est femme. » Il faut donc entendre que toutes les femmes, puisqu’elles sont nées femmes, sont soumises donc inférieures. Dois-je espérer être atteinte un jour de démence sénile et ainsi libérée des bons usages ? Si cela arrive, je passerai mon temps à tirer et arracher toutes ces prisons de tissu jusqu’à ce qu’on m’enferme en hôpital psychiatrique.
Sincèrement, à votre avis, qui devrait se faire soigner ? Elles ou moi ?