Cher(e) entropie,
Résister, c’est aussi contruire à contre-courant des diverses lois (ou réputées telles) énoncées pour prédire le destin de l’énergie libre.
Entropie (je ne voudrais pas personnaliser mes propos en référence à votre pseudo, il n’ a pas de ma part d’argumentation « in hominem » dans ce post), Enthalpie, et autres variables thermodynamiques ont été définies dans le contexte d’un univers matériel, passif en dépit des énergies mises en jeu, dénué d’autre volonté que celle de s’abandonner à ses lois, qu’il ignore d’ailleurs, sauf à accepter la stupéfiante hypothèse de jean Charon selon laquelle les particules élémentaires seraient douées de conscience.
Les tentations sont grandes d’en faire autant, de se laisser glisser sur le grand fleuve des événements, pour ne pas assumer notre destin d’hommes. Nous laisser aller dans le flot entropique qui monte sans jamais redescendre, pour optimiser notre confort moral et mental, tout en dévorant notre capital de confort matériel potentiel et en dégradant notre environnement.
Résister, c’est prendre le risque de ne pas obéir aux affectueuses sollications de la publicité marchande ou politique, de ne pas nous laisser séduire par les sourires enjôleurs des intermédiaires médiatiques patentés nous assurant que nous allons vers le meilleur des mondes.
Résister, et je suis bien d’accord sur le fait qu’ici nous ne faisons guère que du travail virtuel, et assez souvent dans la perspective d’exister dans cet univers un peu magique de communication, c’est aussi et surtout agir dans nos sphères d’influence pour induire et accomplir des changements à notre échelle.
Résister, pour moi, c’est donc dans la vie quotidienne de ma résidence, comme président du conseil syndical, de mon pâté de maisons, comme conseiller municipal de quartier, dans les associations dans les buts desquelles je suis impliqué,proposer et faire aboutir, en mettant la main à la pâte, des initiatives allant dans le sens de plus de fraternité solidaire, de réparation des pollutions, de prévention des injustices.
Il est vrai qu’exprimer mes points devue, répondre à ceux des autres, chercher des appuis et proposer des soutiens en utilisant l’espace d’expression libre d’Agoravox fait partie du plaisir que je m’offre, celui de pouvoir paraitre capable de dire ma vérité et trouver quelques lecteurs pour mes clopinettes intellectuelles.
A propos, clopinette, probable diminutif de clope (le mégot argotique...faut pas mégotter !) a deux acceptions : une plutôt connue et utilisée en littérature, qui est de désigner un presque rien dont ne peut faire grand chose,et une autre plus orale et encore utilisée dans les banlieues de ma jeunesse, signifiant... le refus : « des clopinettes ! » disait-on pour manifester sa résitance à une demande. Curieux, non ?
Je reconnais avoir des manifestations d’existence intellectuelles. Je le revendique. Comme ce n’est qu’un aspect de mes manifestations d’existence, je ne me sens pas atteint par le reproche souvent associé à cette qualification. Je ne sais pas qu’écrire, même si ma capacité à le faire est plutôt moyenne. Je sais aussi lire, comprendre, décider, agir, m’engager.
Difficile de savoir si je souris sur la photo qui orne mes interventions.Elle est prise à contre-jour devant le musée parisien du compagnonnage, rue Mabillon. Les compagnons sont des intellectuels de la matière et de l’ouvrage ; il font, savent le comment et le pourquoi, sont capables de transmettre leur compétence, et ont une perspective spirituelle qui leur donne la force de résister. Ils résistent non en refusant les matériaux et machines de la technologie récente, mais en refusant l’affaissement du tour de main qu’ils pourraient, par paresse ou facilité, en tirer, au détriment de la beauté et de la force de l’oeuvre.