Appel à la résistance
Pourquoi cet appel à la résistance qui date de mars 2004 n’a-t-il été évoqué dans les médias traditionnels ? Il demeure qu’il est émouvant que ce soient précisément des figures emblématiques de la véritable Résistance en France durant la Seconde Guerre mondiale qui se soient mobilisées, a priori sans succès, pour nous délivrer à tous ce message. Or, leur appel trouve-t-il le moindre écho dans la société d’aujourd’hui, nombriliste, individualiste, et avant tout consommatrice, et qui sprétend vouloir faire profession d’agir et de penser ?
“Au moment où nous voyons remis en cause le socle des conquêtes sociales de la Libération, nous, vétérans des mouvements de Résistance et des forces combattantes de la France Libre (1940-1945), appelons les jeunes générations à faire vivre et retransmettre l’héritage de la Résistance et ses idéaux toujours actuels de démocratie économique, sociale et culturelle.“
Soixante ans plus tard, le nazisme est vaincu, grâce au sacrifice de nos frères et sœurs de la Résistance et des nations unies contre la barbarie fasciste. Mais cette menace n’a pas totalement disparu, et notre colère contre l’injustice reste intacte.
Nous appelons, en conscience, à célébrer l’actualité de la Résistance, non pas au profit de causes partisanes ou instrumentalisées par un quelconque enjeu de pouvoir, mais pour proposer aux générations qui nous succéderont d’accomplir trois gestes humanistes et profondément politiques au sens vrai du terme, pour que la flamme de la Résistance ne s’éteigne jamais :
- Nous appelons d’abord les éducateurs, les mouvements sociaux, les collectivités publiques, les créateurs, les citoyens, les exploités, les humiliés, à célébrer ensemble l’anniversaire du programme du Conseil national de la Résistance (CNR) adopté dans la clandestinité le 15 mars 1944 : Sécurité sociale et retraites généralisées, contrôle des "féodalités économiques", droit à la culture et à l’éducation pour tous, une presse délivrée de l’argent et de la corruption, des lois sociales ouvrières et agricoles, etc.“Comment peut-il manquer aujourd’hui de l’argent pour maintenir et prolonger ces conquêtes sociales, alors que la production de richesses a considérablement augmenté depuis la Libération, période où l’Europe était ruinée ? Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l’ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l’actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie.
- Nous appelons ensuite les mouvements, partis, associations, institutions et syndicats héritiers de la Résistance à dépasser les enjeux sectoriels, et à se consacrer en priorité aux causes politiques des injustices et des conflits sociaux, et non plus seulement à leurs conséquences, à définir ensemble un nouveau "Programme de résistance" pour notre siècle, sachant que le fascisme se nourrit toujours du racisme, de l’intolérance et de la guerre, qui eux-mêmes se nourrissent des injustices sociales.
- Nous appelons enfin les enfants, les jeunes, les parents, les anciens et les grands-parents, les éducateurs, les autorités publiques, à une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation marchande, le mépris des plus faibles et de la culture, l’amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous. Nous n’acceptons pas que les principaux médias soient désormais contrôlés par des intérêts privés, contrairement au programme du Conseil national de la Résistance et aux ordonnances sur la presse de 1944.
Signataires : Lucie Aubrac, Raymond Aubrac, Henri Bartoli, Daniel Cordier, Philippe Dechartre, Georges Guingouin, Stéphane Hessel, Maurice Kriegel-Valrimont, Lise London, Georges Séguy, Germaine Tillion, Jean-Pierre Vernant, Maurice Voutey.
Note : Alternatives Images a lancé un DVD à paraître (mai 2006), dont voici un extrait vidéo, avec le texte de l’appel à la commémoration du 60e anniversaire du Programme du Conseil national de la résistance
Pour lire cette
vidéo vous devez disposer de la connexion
à l’internet haut débit et du
plug-in QuickTime téléchargeable ici.
47 réactions à cet article
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Tu m’as l’air bien en forme, « liberté »...
A tout hasard, toi qui ne semble pas apprécier les « extrêmes gauchistes » (ce que NGK n’est pas), savais tu que l’auteur de ton poème favori était entré au PC en 1926 ? mais bon, moi, je dis ça...
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et bonne âme avec cela
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Le document en question porte en effet la trace stylistique de son époque, et des habitudes verbales de militants entrainés à une certaine rhétorique aujourd’hui oubliée de tous, sauf des historiens...et des vieux ! Il est tout à fait vrai que la première partie de la phrase ici citée peut faire sourire des lecteurs. Toutefois, ce qui est moins sourisible, et d’une modernité étonnante, c’est la fin de la même phrase (certes un peu longue...). Je cite :
...contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation marchande, le mépris des plus faibles et de la culture, l’amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous.
Les sept derniers mots en particulier ont un sens pour tous. Hier, j’avais moi aussi repris ce texte sur mon blogue, sous le titre « debout les vieux », visiblement plagié du célèbre « debout les morts ». C’est sur :
http://www.adamantane.org/article-2415132.html
Avec une illustration empruntée à Éliby depuis le site de La Mée. Les liens utiles sont dans l’article du blogue.
N’étant pas musicien, je ne mesure pas toute la finesse de l’allusion aux pets dans les violons. Je les imaginais plus sonores, mieux développés dans des saxos ou des cors de chasse... Chacun est d’ailleurs libre de renouveler le matériel métaphorique de la langue.
En revanche, je m’interroge sur l’efficacité, pour faire comprendre une idée, du procédé qui consiste à mettre le point de vue combattu sur le compte de la bêtise ou du gâtisme.Nous sommes tout par moment victimes de nos propres bêtises, et nous finirons pratiquement tous, si la médecine s’acharne sur nous, dans les délices d’une forme ou d’une autre de gâtisme.
Les Résistants au nom desquels cet appel fut lancé n’ont pas eu l’occasion de vieillir. Leurs camarades survivants ont peut-être voulu nous dire « tous ces sacrifices pour en arriver là, était-ce un idéal raisonnable ? ».
Sous une forme qui date un peu, j’en suis d’accord, subsistent des questions aigues, actuelles,accablantes. C’est pourquoi j’ai moi aussi pris l’initiative de ressortir ce texte de son linceul médiatique.
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En qualité d’auteur du début de l’article, et n’ayant fait que relayer l’info afin de la communiquer, sous la bienveillance d’agoravox, journal citoyen, et en vertu de mon appartenance au réseau de bloggueurs français « les freemen » auquel j’appartiens, puisque nous sommes nombreux à avoir diffusé cet appel de mars 2004, je tenais juste à préciser que ngk, c’est-à-dire moi, Nathalie Gaul Kaïsu, n’est pas « un gros malhonnête, un fasciste rouge », et que cet article est un Appel à la résistance, pas un appel aux souffrances psychologiques diverses et aux pathologies modernes. D’ailleurs, à mon sens, le problème est intemporel : Cherchez les Résistants, cherchez les Collabos... A chacun de choisir son camp, juste en vertu de ce que chacun est et peut dans la réalité de la vraie vie, aux prises avec l’adversité et l’existence... Nous sommes tous dans le même bâteau ne vous en déplaise, et que cela vous plaise ou non, ce n’est pas un jeu pour adolescents attardés en mal de célébrité, de profit, et etc ; c’est de l’Europe qu’il s’agit, et de l’Europe en l’occurence.
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Résister, c’est oser ne pas être d’accord avec la majorité quand ses membres n’ont pas reçu assez d’éducation pour exister en tant que personne autonome et créatrice d’elle-même.
Résister, c’est s’autoriser, quoi qu’il en coûte, à exercer son esprit critique et à ne rien tenir pour vrai simplement parce que le maître à penser l’a laissé entendre ou que le courant d’opinion y semble actuellement favorable.
Résister, c’est ne pas se décourager devant les sarcasmes de ceux qui justifient leur panurgisme en prétendant que les points de vue marginaux n’ont aucune chance d’être seulement écoutés.
Résister, c’est interroger les faits, surtout ceux qui sont occultés ou aseptisés car ils désavouent dans la pratique les systèmes de pensée réputés être dans le vent.
Résister, c’est relativiser le discours des notables,surtout ceux qui tirent profit de nos ignorances du fait de notre lâcheté naturelle devant les leaders d’opinion.
Résister, c’est donner la parole aux intimidés, surtout ceux que la pression conformiste rend muets de peur, et contribuer au discours collectif, surtout en prenant le risque d’explorer les hypothèses économiques, sociales ou spirituelles cataloguées aujourd’hui comme les plus irréalistes.
Résister n’est pas une question d’âge, ni de sexe, ni de profession, ni d’appartenance socio-culturelle, mais une manière d’être une personne libre dans un monde libérable. Ce n’est ni évident ni facile, mais humain.
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rien à rajouter. ça c’est se défendre sans reculer ;)
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La Résistance est d’abord une éducation de l’esprit et de la conscience ; à ceux qui n’en n’ont pas, cet appel n’est pas destiné.
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Une difficulté pratique qu’affronte le résistant, c’est d’éveiller l’esprit endormi et la conscience anesthésiée de l’autre.
Nous les humains nous avons en général au moins un estomac, un coeur, un cerveau et une conscience. Mais certains en sont moins...conscients que d’autres.
Comment s’éveiller, puis éveiller l’autre, comme disait Gurdjieff (et tant et tant d’autres) ?
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Merci NGK pour avoir rediffusé ce texte raffraichissant qui, à défaut d’être gravé dans les mémoires des plus jeunes, le sera sur les disques durs des ordinateurs de leurs parents
En temps normal, c’est à dire en période de paix , du moins en surface :
« Le bien fait peu de bruit, et le bruit fait peu de bien »...
En temps « normal », la résistance est souvent silencieuse, tout comme la majorité de la population...
Puissent quelques uns de cette majorité de citoyens, un peu grâce à vous, se rappeler ce texte avant de voter en 2007 !
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Ce que nous avons de mieux à faire à mon sens, c’est de diffuser et de communiquer de façon maximale, via nos blogs, nos réseaux, nos amis, nos propres moyens de communication, cet appel qui n’est qu’un rappel nécessaire...
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En ce qui concerne votre humilité, voire votre honnêteté, permettez-moi d’en douter... L’intérêt de la communication de cet Appel à la Résistance, c’est qu’il trouvera ou non en chacun, un écho, une résonnance. Je n’ai rien à y ajouter. Par contre, qu’il puisse être l’occasion de débats, de prises de consciences, d’envies de se mobiliser, etc ; c’est de toute façon positif. Cordialement.
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Le contexte actuel, à mon avis, n’ôte rien à la pertinence de cet appel. L’esprit totalitaire n’est pas un phénomène qui ne se serait cristallisé qu’une fois en un temps et en un lieu. C’est une des tendances potentielles de l’esprit humain, que le mal fascine.
Je vais exagérer un peu pour tenter de mieux faire passer mon idée : les médias qui ont pignon sur rue sont totalitaires ; la plupart des partis politiques sont totalitaires ; l’église catholique (l’institution, pas tous les croyants), l’islam pur et dur (même remarque), les juifs orthodoxes (toujours même remarque), et les autres sectes qui réussissent sont totalitaires. La science officielle est totalitaire.
Le totalitarisme de l’institution contamine le corps social.
Par ailleurs, résister ne veut pas dire s’opposer pour détruire. C’est aussi contourner habilement, exploiter les défaillances, utiliser la force adverse en la canalisant. Le résistant efficace n’est pas une grosse brute meurtrière ("la violence est le dernier refuge de l’incompétence ?).
Le devoir de Résistance demeure d’actualité.
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Cher(e) entropie, Résister, c’est aussi contruire à contre-courant des diverses lois (ou réputées telles) énoncées pour prédire le destin de l’énergie libre.
Entropie (je ne voudrais pas personnaliser mes propos en référence à votre pseudo, il n’ a pas de ma part d’argumentation « in hominem » dans ce post), Enthalpie, et autres variables thermodynamiques ont été définies dans le contexte d’un univers matériel, passif en dépit des énergies mises en jeu, dénué d’autre volonté que celle de s’abandonner à ses lois, qu’il ignore d’ailleurs, sauf à accepter la stupéfiante hypothèse de jean Charon selon laquelle les particules élémentaires seraient douées de conscience.
Les tentations sont grandes d’en faire autant, de se laisser glisser sur le grand fleuve des événements, pour ne pas assumer notre destin d’hommes. Nous laisser aller dans le flot entropique qui monte sans jamais redescendre, pour optimiser notre confort moral et mental, tout en dévorant notre capital de confort matériel potentiel et en dégradant notre environnement.
Résister, c’est prendre le risque de ne pas obéir aux affectueuses sollications de la publicité marchande ou politique, de ne pas nous laisser séduire par les sourires enjôleurs des intermédiaires médiatiques patentés nous assurant que nous allons vers le meilleur des mondes.
Résister, et je suis bien d’accord sur le fait qu’ici nous ne faisons guère que du travail virtuel, et assez souvent dans la perspective d’exister dans cet univers un peu magique de communication, c’est aussi et surtout agir dans nos sphères d’influence pour induire et accomplir des changements à notre échelle.
Résister, pour moi, c’est donc dans la vie quotidienne de ma résidence, comme président du conseil syndical, de mon pâté de maisons, comme conseiller municipal de quartier, dans les associations dans les buts desquelles je suis impliqué,proposer et faire aboutir, en mettant la main à la pâte, des initiatives allant dans le sens de plus de fraternité solidaire, de réparation des pollutions, de prévention des injustices.
Il est vrai qu’exprimer mes points devue, répondre à ceux des autres, chercher des appuis et proposer des soutiens en utilisant l’espace d’expression libre d’Agoravox fait partie du plaisir que je m’offre, celui de pouvoir paraitre capable de dire ma vérité et trouver quelques lecteurs pour mes clopinettes intellectuelles. A propos, clopinette, probable diminutif de clope (le mégot argotique...faut pas mégotter !) a deux acceptions : une plutôt connue et utilisée en littérature, qui est de désigner un presque rien dont ne peut faire grand chose,et une autre plus orale et encore utilisée dans les banlieues de ma jeunesse, signifiant... le refus : « des clopinettes ! » disait-on pour manifester sa résitance à une demande. Curieux, non ?
Je reconnais avoir des manifestations d’existence intellectuelles. Je le revendique. Comme ce n’est qu’un aspect de mes manifestations d’existence, je ne me sens pas atteint par le reproche souvent associé à cette qualification. Je ne sais pas qu’écrire, même si ma capacité à le faire est plutôt moyenne. Je sais aussi lire, comprendre, décider, agir, m’engager.
Difficile de savoir si je souris sur la photo qui orne mes interventions.Elle est prise à contre-jour devant le musée parisien du compagnonnage, rue Mabillon. Les compagnons sont des intellectuels de la matière et de l’ouvrage ; il font, savent le comment et le pourquoi, sont capables de transmettre leur compétence, et ont une perspective spirituelle qui leur donne la force de résister. Ils résistent non en refusant les matériaux et machines de la technologie récente, mais en refusant l’affaissement du tour de main qu’ils pourraient, par paresse ou facilité, en tirer, au détriment de la beauté et de la force de l’oeuvre.
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Je voudrais signaler que cet appel a inspiré un film documentaire : Walter, retour en résistance. Sorti en 2009.
Site officiel : http://www.walterretourenresistance.com/
Fiche wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Walter,_retour_en_résistance
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