acques Sapir fait un appel du pied au Front national
Brève 25 août 2015 Ornella Guyet
Pour celles et ceux qui en doutaient encore, Jacques Sapir est définitivement sorti du bois : alors que comme nous le signalions il y a quelques semaines ses liens avec des franges de la droite souverainiste voire de la droite radicale ne sont pas un mystère, l’économiste, déjà connu pour son compagnonnage avec Nicolas Dupont-Aignan, appelle aujourd’hui de ses vœux à une alliance avec le Front national pour former un « Front de Libération Nationale », tout en continuant à se dire « sans ambiguïté » de gauche. Il a ainsi déclaré (c’est lui qui souligne) sur son blog le 21 août dernier (source : russeurope.hypotheses.org/4225) :
« La présence de Jean-Pierre Chevènement aux côtés de Nicolas Dupont-Aignan lors de l’Université d’été de Debout la France est l’un des premiers signes dans cette direction. Mais, ce geste – qui honore ces deux hommes politiques – reste insuffisant. A terme, la question des relations avec le Front National, ou avec le parti issu de ce dernier, sera posée. Il faut comprendre que très clairement, l’heure n’est plus au sectarisme et aux interdictions de séjours prononcées par les uns comme par les autres. La question de la virginité politique, question qui semble tellement obséder les gens de gauche, s’apparente à celle de la virginité biologique en cela qu’elle ne se pose qu’une seule fois. Même si, et c’est tout à fait normal, chaque mouvement, chaque parti, entend garder ses spécificités, il faudra un minimum de coordination pour que l’on puisse certes marcher séparément mais frapper ensemble. C’est la condition sine qua non de futurs succès. »
Invité à s’expliquer dans Libération hier, il a précisé sa pensée : « Il faut distinguer le comportement des militants et le discours officiel du FN. Dans ce dernier, voilà plusieurs années que l’on ne relève aucun caractère raciste ou xénophobe. […] Au-delà, on ne peut plus nier que le FN ait changé ces dernières années. […] Et je préfère que les militants du FN lisent Frédéric Lordon, Emmanuel Todd et Jacques Sapir plutôt que les vieux auteurs antisémites du XIXe siècle. […] La question de l’euro va imposer des alliances qui vont transcender la distinction entre gauche et droite. » S’il nie avoir jamais rencontré Marine Le Pen ou des dirigeants du FN, il reconnaît cependant avoir déjà croisé des économistes du parti d’extrême droite dans des colloques et n’exclut pas de répondre à d’éventuelles sollicitations : « Je ne les rencontrerai qu’en cas de demande précise de leur part sur des questions économiques. » (Source : lc