@Pomme de Reinette
Albert Londres était encore en culottes courtes au moment du Congrès de Bâle 
De souligner l’évidence d’une classe dominante n’a pas été l’originalité du marxisme, ni même des idées républicaines, c’était plus de décrypter le fonctionnement de cette classe capitaliste. Et justement à ce sujet, le fonctionnement des Juifs n’était guère différent de celui des non-juifs. La nature humaine n’est guère différente d’un pays à l’autre, d’une culture à l’autre, on y retrouve toujours un système de castes, plus ou moins apparent, plus ou moins inégalitaire, et inéquitable.
Je signalais ici même (17 septembre 2012 11:01) dans un sujet de Camus (Cryptarchie Dönmeh et Turquie moderne) que si quelques Dönmeh noyautaient fortement la hiérarchie du « Mouvement des Jeunes Turcs », les Dönmeh ne sont pas eux-mêmes une « secte » homogène et qu’il fallait éviter des amalgames.
voir Histoire des Juifs à Salonique (surnommée La Jérusalem des Balkans)
ceux que les Turcs surnommèrent Dönme, c’est-à-dire renégats eux-mêmes divisés en trois groupes * : les Izmirlis, les Kuniosos et les Yacoubi , formèrent une nouvelle composante de la mosaïque ethno-religieuse salonicienne.
* + ou - suivant leurs conditions sociales > voir ici études sur les sabbatéens de Salonique de J. Néhama « Sabbataï Cevi et les Sabbatéens de Salonique » qui estime qu’en 1902 la communauté sabbatéenne comptait environ 10.000 âmes.
Les Izmirli, les plus éclairés des dönme, étaient surtout bonnetiers, merciers, quincaillers ; mais il y avait aussi, dans le nombre, des enseignants, des médecins, des ingénieurs, des vétérinaires. Les Kuniosos, qui constituaient la couche la plus pauvre et la moins éduquée, exerçaient des métiers de cordonnier, coiffeur, crieur public, boucher etc. Les Yakubis occupaient un mahalla (quartier) au nord-ouest, à proximité des Turcs.
Les Juifs de Salonique connurent à partir de la seconde moitié du
XIXe siècle une véritable renaissance. La régénération vint des Juifs
francs, les Frankos, c’est-à-dire les Juifs venus à cette époque
des pays catholiques et plus particulièrement les Juifs de Livourne en
Italie. Elle s’inscrivit dans un contexte général d’ouverture des
Balkans au modernisme occidental qui draina vers le monde ottoman
techniques et idées nouvelles.
La Haskala,
mouvement de pensée juif inspiré du Siècle des Lumières, toucha le
monde ottoman à la fin du XIXe siècle après s’être propagée parmi les
populations juives d’Europe occidentale et orientale. Ce sont les mêmes
qui parachevaient le renouveau économique de Salonique qui s’en firent
les messagers.
(Salonique, 1830-1912 : une ville ottomane à l’âge des Réformes, Par Méropi Anastassiadou)