Vous parlez du libéralisme sur le papier. Dans les faits, depuis le tournant libéral imprimé par Mitterrand en 1983 sous le nom de « tournant de la rigueur » (sic), on ne peut pas dire que notre mode de vie, que la qualité même de la vie se soit améliorés pour la majorité des individus...
Votre libéralisme, il a donné quoi ? insécurité sociale née de la précarité et des exclusions, augmentation exponentielle des loyers, explosion du nombre de personnes sur la touche, marquée dans les années 80 par l’apparition des « nouveaux pauvres », inflation historique après substitution du franc par l’euro (du jour au lendemain, la baguette de pain à 1 F est passée à 1€, soit 6F 65 et des poussières, et le reste à l’avenant, et depuis ça n’a plus cessé...), disparitions progressive des services publics et leurs conséquences en termes de désertification du milieu rural, déjà mis à mal par la spéculation foncière, que l’on doit aussi au libéralisme.
J’arrête là, car il y aurait des centaines de pages à couvrir et cela serait fastidieux. Avant l’irruption du libéralisme dans notre société, nous représentions un modèle pour nos voisins. Depuis, nous sommes un contre-modèle. Jamais nous n’avons eu une classe politique aussi indéboulonnable, fantoche et corrompue parce qu’au service de multinationales dont le fonctionnement s’apparente davantage à des consortiums mafieux qu’à un liberalisme idéalisé tel que vous le décrivez. Jamais le poids de la bureaucratie n’a été aussi lourd que depuis que le libéralisme à la sauce européenne a prétendu l’alléger.
Et jamais, les risques de conflit civil, n’ont été aussi évidents, au sein d’une société que le libéralisme a précipitée dans autant d’antagonismes qu’il est de classes sociales - classes parmi lesquelles le libéralisme a créé implicitement celle d’un lumpenproletariat corvéable à merci, et pudiquement surnommée « les précaires ».
Alors on a envie de vous dire bravo, amis libéraux. Vous avez fait d’un pays qui se tenait, qui représentait à l’étranger un Eldorado du bon goût et de la douceur de vivre, quelque chose qui s’apparente à présent, ô paradoxe ! à un ex-pays de l’Est enlisé dans la médiocrité, au pouvoir corrompu, où se délitent des institutions aux mains d’une Nomenklatura impuissante à mettre en échec économies parallèles et trafics mafieux.