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Commentaire de Pchetchkov

sur L'Eurovision manipulée par la guerre froide


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Pchetchkov 17 mai 2016 20:39
@antyreac

Trois millions, c’est à peu près le nombre des prisonniers de guerre soviétiques, morts dans les camps allemands.

Mais pour le reste, je me suis sans doute mal exprimé. Mon intention n’est nullement de justifier ou de nier les crimes de l’époque stalinienne. Elle n’est pas non plus de faire des comparaisons déplacées et macabres entre les crimes des uns et des autres.

Là où nous divergeons peut-être, c’est que, pour moi, c’était le devoir de tous de combattre l’envahisseur nazi, et j’estime que les Soviétiques, qu’ils aient été partisans ou adversaires du régime, ont eu un comportement héroïque. Pour moi, les Soviétiques qui ont collaboré avec les nazis ont été et restent des traîtres, malgré les justifications que certains ont essayé de leur trouver a posteriori au motif qu’ils avaient été victimes du régime stalinien. A l’époque, les Anglais, puis les Américains ont été heureux de trouver l’allié soviétique, et ils n’approuvaient certainement pas les différents mouvements de collaboration que les nazis ont pu trouver dans les pays de l’Est.

J’ai très bien connu l’URSS, je connais très bien la Russie, et j’ai rencontré beaucoup de Soviétiques qui ont combattu contre l’envahisseur nazi, et qui, pour autant, n’étaient ni des partisans convaincus de Staline, ni même des communistes.

Un des cas les plus intéressants, de mon point de vue, est celui de l’écrivain et philosophe Alexandre Zinoviev, qui, après avoir été un adversaire avéré de Staline, a fait une guerre héroïque, et qui a d’ailleurs écrit, sur cette période, un livre autobiographique (Nashej junosti poliot) qui a le mérite de nous faire non pas comprendre, mais deviner, percevoir les paradoxes et l’étrangeté de cette période. Zinoviev me fait penser à Chateaubriand qui était absolument opposé à Napoléon, qui le considérait comme un tyran sanguinaire, et qui pourtant, dans les Mémoires d’outre-tombe, souligne ses qualités exceptionnelles.

Je vous citerai également le cas du philosophe Nicolas Berdiaev qui, expulsé par les autorités soviétiques de Russie et vivant dans une émigration forcée en France, a espéré la victoire de son pays, et indirectement, celle de Staline, alors que d’autres Russes émigrés ont soutenu la collaboration avec l’occupant allemand, dans le temps où certains, en France, souhaitaient « la victoire de l’Allemagne ».

J’ai connu également beaucoup de gens simples qui n’ont la célébrité ni de Zinoviev, ni de Berdiaev, et qui se sont battus pour l’indépendance de leur pays. C’est en souvenir de tous ces héros inconnus que sont organisées le 9 mai, jour de la Victoire en Russie, des marches dites « marches éternelles ». Le 9 mai dernier, 700.000 personnes ont ainsi défilé à Moscou, avec les portraits de leurs grands-pères, de leurs parents, de ceux qui s’étaient battus contre les nazis.

J’ajoute, et cela n’est peut-être pas facile à entendre, que le rôle de Staline dans la victoire soviétique est indéniable, ce qui n’excuse en rien les crimes qu’il a commis ou qui ont été commis en son nom.

Mais la vérité n’est jamais simple.





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