@Luc-Laurent Salvador
« L’idée
de réconciliation est ici basée sur l’acceptation d’un fait : des immigrés
ont fait souche, c’est le cas de le dire et partant, sans rien lâcher du combat
anti-immigration, il importe qu’ils soient assurés d’être reconnus comme
français et, même mieux, comme patriotes… »
« Français » et « patriotes » ne sont pas
des options qu’on précise en cochant une case sur un formulaire officielle, c’est
un état d’esprit qu’on éprouve du fond de ses tripes.
Malika Sorel-Sutter l’explique très bien, dans Décomposition
française, éd. Fayard, 2015, puisque cette adhésion viscérale, elle l’a
vécue personnellement, sans l’avoir ni voulue ni cherchée. Elle-même écrit « Ceux qui pensent pouvoir faire de mon cas
une généralité (…) s’égarent. »
Elle vit sa « francisation » comme une grâce, et c’est sans doute
bien de cela qu’il s’agit.
Pour sa part, avec sa réconciliation entre communautés qui n’ont
jamais été intimement « conciliées », Soral est en train de réactiver, en sens
inverse, l’utopisme de l’Algérie française, dont De Gaulle disait que les
zélateurs avaient des cervelles de colibri.
On peut d’ailleurs reprendre, contre E&R, presque tous les arguments qu’il
leur opposait en son for intérieur, ou qu’il distillait, confidentiellement, à
des interlocuteurs de confiance.
Ainsi, à Alain Peyrefitte, le 5 mars 1959 : « Essayez d’intégrer de l’huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au
bout d’un moment, ils se séparent de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les
Français sont des Français. » C’était De Gaulle, éd Gallimard, 2000.
A
partir de ce constat lapalicien, croire qu’un jour les « Nous Caucasiens »
se reconnaîtront dans les « Eux Arabes » est aussi chimérique que de
croire que les « Nous Arabes » se reconnaîtront dans les « Eux
Caucasiens », ne ressortit pas à une analyse fine et ravageuse, mais tout
bonnement à une vision chimérique des réalités.