Un petit livre, qui porte sur les castes indiennes, et qui abordde de front le sujet de ce petit débat : la diversité des hommes, des métiers, des morales professionnelles et l’organisation harmonieuse d’une société tachant de procurer à chacun de ses membres un certain degré de liberté.
« Les quatre sens de la vie » d’Alain Daniélou.
Mis à part ceci, deux petites réflexions :
La première : la liberté ne réside pas tant dans l’absence de règles communes imposées aux individus que dans la compréhension des motifs qu’elles visent. Vouloir des règles identiques pour toute une société c’est nier les différences de natures humaines et les motifs spécifiques qui les animent ; c’est ainsi finalement sacrifier toute l’intelligence que peuvent véhiculer les règles. Connaître ce que l’on peut faire et ne pas faire, clairement et directement, voilà la liberté, fut-elle de devoir reprendre le métier de son père, fut-elle de se cantonner à un certain mode de vie. C’est avoir la possibilité de ne pas sépuiser dans des voies en impasse visant des choses qui s’avèrent, derrière les discours égalisants, impossibles à atteindre pour certaines personnes.
La deuxième : on peut choisir entre deux yaourts, bien les comparer, chercher celui qui nous convient le mieux. 5 yaourts c’est encore possible ; à partir de 10, cela devient difficile. Lorsque l’on se retrouve devant 30 yaourts différents, au moins en apparence, le choix n’est plus possible et l’on s’en remet à des critère inconscients, qui sont la pluspart du temps identiques pour tous le monde. C’est ce qu’on bien compris les supermarchés qui augmentent la diversité du rayon des yaourts pour mieux concentrer les achats de ses consommateurs sur un ou deux produits particuliers. Pour les métiers c’est exactement la même chose : croire qu’un jeune est plus libre parce qu’il peut théoriquement choisir parmi plus de 100 métiers c’est s’illusionner ; à partir de 5 le choix devient difficile, voir impossible pour la plupart, qui s’en remettent alors à des modes de choix « par défaut ».
Voilà pour moi l’essence du problème : une conception totalement erronnée de la « liberté », ainsi qu’une négation des différences de natures humaines à l’échelle d’une société, rendant toute pensée et toute action politique inadéquate. Je renvois au petit livre cité ci-dessus (sans engager son auteur dans les points de vue personnels que je viens d’exposer) qui décape les esprits de quelques uns de nos a priori démocratiques universalisant.