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Commentaire de Christian Labrune

sur Je suis orphelin de Dieu


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Christian Labrune Christian Labrune 7 juin 2016 19:34

@Zolko
Non, je ne suis pas du tout agnostique, et l’athéisme n’est pas ce que vous croyez. Quelqu’un qui « croit » que Dieu n’existe pas n’est pas un athée, c’est un naïf muni d’une croyance. L’agnostique , bien que l’étymologie du terme paraisse signifier qu’il ne croit pas, n’arrive pas à trancher entre deux croyances, l’une à l’existence et l’autre à l’inexistence d’un DIeu. Tout reste possible pour lui ; il se tient dans cette réserve prudente que Pascal voudrait lui interdire sous prétexte que, dans ce monde où la mort nous attend, nous sommes tous « embarqués ».
Ce qu’il faut prendre en compte, c’est que l’idée même d’un dieu dans les religions monothéistes est une pure absurdité : on utilise un mot dont on ne pourrait pas définir le sens avec précision et on s’enlise dans des faux problèmes. C’est Saint-Anselme (un auteur passionnant par ailleurs !) qui croit pouvoir poser que DIeu existe du seul fait qu’on en parle : si Dieu est parfait (ce que dit la révélation), rien ne peut lui manquer. Par conséquent, l’existence ne peut lui manquer. Donc, il existe !
Spinoza, plus tard appellera Dieu l’ensemble de tous les ensembles existant dans la nature (« deus sive natura ») c’est déjà moins stupide, mais ça n’a pas plus de conséquences que de connaître l’existence des idéalités mathématiques : on sait que le nombre PI existe, on en a calculé des millions de décimales, mais comme elles sont en nombre infini, on ne connaîtra jamais entièrement le nombre Pi. C’est passionnant, mais je suppose que ça ne vous empêche pas plus de dormir que l’impossibilité où l’on se trouve de connaître une loi précise de distribution des nombres premiers.
La définition implicite la plus pertinente et la plus empirique de l’athéisme, vous l’avez dans le « Dom Juan » de Molière. Dom Juan est athée. Il se trouve par hasard au détour d’un sentier avec Sganarelle dans le tombeau du Commandeur qu’il a tué en duel. Pour effrayer son domestique, qui est bête et crédule, il s’adresse par jeu à la statue du bonhomme. Aussitôt, la tête de la statue de marbre s’incline. Miracle, dit Sganarelle ! Mais ça n’impressionne pas du tout Dom Juan, et quand la statue du Commandeur s’invite à dîner chez lui, le fait lui paraît bien étrange (dans la nature, les statues de marbre qui marchent, c’est plutôt rare !) mais ce n’est pas cela qui risque de l’amener à se convertir. La statue du Commandeur lui tend la main, il la prend ; le sol aussitôt s’ouvre sous ses pieds et il tombe dans les enfers.
C’est une scène très banale et que vous aurez vue aussi souvent que moi probablement ; ça arrive tous les jours : on marche dans la rue de Rivoli par exemple et soudain, le sol se creuse sous les pieds d’un athée qui disparaît aussitôt à la vue des promeneurs, par la volonté d’un Dieu vengeur qu’offense l’incrédulité de ses créatures. Allah akbar !
 


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