Richard Millet :
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Du pape
Dans
une France où tous les regards sont tournés vers la moustache d’un
certain Philippe Martinez qui semble le fruit d’un coït entre Joseph
Staline et Francisco Franco, on n’a prêté nulle attention à l’entretien
que le pape a donné au journal post-chrétien La Croix,
dont la fadeur politiquement correcte est propre à convertir au
bouddhisme ou à « Nuit debout » tous les bande mou et les demi-vierges,
ménopausées ou en âge de procréer, qui le lisent.
Il est toujours douloureux de s’opposer au pape, pour un catholique qui
n’appartient pas à la répugnante race des cathos de gauche. Celui qui
est venu d’Argentine pour transformer le trône de saint Pierre en
fauteuil de talk show télévisuel a été élu, on le sait, pour faire
oublier Benoît XVI, admirable théologien et pianiste de goût. Le pape
François, lui, préfère le football à Bach et à Mozart : le pays d’où il
vient et dont il voudrait nous faire croire qu’il fait cohabiter de
façon exemplaire les chrétiens et les musulmans, dit-il dans cet
entretien, est pourtant moins celui de Maradona que celui de Borges et
de Cortazar. S’exprimant sur la dimension chrétienne des « racines » de
l’Europe, le pape déclare redouter « la tonalité qui peut être
triomphaliste ou vengeresse » d’une telle expression. Faut-il rappeler à
Sa Sainteté qu’en face on ne redoute nullement ce caractère et qu’une
des causes du terrorisme islamique est justement dans la réduction du
christianisme à l’idéologie des droits de l’homme qui fait de l’Europe
le ventre mou du monde occidental ? N’est-ce pas, d’ailleurs, parce que
la déchristianisation est en marche que l’Etat islamique et ses alliés
ciblent l’Europe et particulièrement l’ex-fille aînée de l’Eglise,
devenue la maquerelle en chef de la tolérance multiculturelle ?
Le
passage le plus douteux de la déclaration papale mérite d’être cité
comme il faut : « Il faut parler de racines au pluriel car il y en a
tant. En ce sens quand j’entends parler des racines chrétiennes de
l’Europe, j’en redoute parfois la tonalité qui peut être triomphaliste
ou vengeresse. Cela devient alors du colonialisme. Jean-Paul II en
parlait avec une tonalité tranquille. L’Europe, oui, a des racines
chrétiennes. Le christianisme a pour devoir de les arroser, mais dans un
esprit de service, comme pour le lavement des pieds. Le devoir du
christianisme pour l’Europe, c’est le service. » Quel devrait être un
service, sinon spirituel ? Car pour le service auquel il est fait
allusion, il y a belle lurette que l’humanitaire a remplacé les
catholiques. Voilà en tout cas qui fait du pape un fourrier de
l’aveuglement post-historique qui a abandonné au libéralisme mondialisé
toute visée profondément politique pour se cantonner au domaine
simplement éthique. Le pape parle comme n’importe quel commissaire
européen à la culture ou comme un secrétaire d’Etat aux relations
communautaires ; et cela nous est insupportable, à nous qui avons soif
d’entendre parler d’Origène, de saint Augustin, de Pascal, de Thérèse
d’Avila, de Simone Weil, et non pas d’un alignement sur le conglomérat
dirigé par un Juncker dont la tête fatiguée dit assez le degré
d’avilissement auquel le dispose sa fonction, voire sa nature.
Parler de pluralité de racines, c’est donc ouvrir toute grande l’Eglise
au politiquement correct, aux migrants, à l’islam, bientôt au mariage
homosexuel. On a vu comment le pape a blessé les chrétiens, notamment
ceux d’Orient, en ramenant de Lesbos trois familles musulmanes, l’idée
de tolérance se mesurant exclusivement à la jauge musulmane, ainsi qu’il
est précisé dans la suite de l’entretien : « Chacun doit avoir la
liberté d’extérioriser sa propre foi. Si une femme musulmane veut porter
le voile, elle doit pouvoir le faire. De même, si un catholique veut
porter une croix. » A ce compte-là, le pape François est un des plus
sûrs soutiens du multiculturalisme effréné de Justin Trudeau, d’Obama ou
de Cameron, autrement dit du cancer qui ronge l’Europe et qui consiste à
faire accepter par les peuples de souche des cellules qui détruisent
leurs racines chrétiennes.
Que faire donc ? Il est certain qu’il me devient de plus en plus
difficile de supporter la messe post Vatican II, avec ses prêches fades,
ses chants niais, ses fidèles tendant le cou au couteau islamiste et à
l’invasion migratoire, et que je rechercherai davantage les messes
traditionnalistes. Mais pour le reste ? Que restera-t-il de l’Eglise
après le pontificat de ce jésuite argentin ? Comment confier mon destin
spirituel à un homme qui refuse de désigner l’ennemi pour ce qu’il
est ? Notre solitude s’accroît. L’Eglise devient une partie de notre
désert et son discours officiel dresse notre croix sur un ciel déjà
tourmenté par la guerre, la déchéance morale, la catastrophe écologique,
la ruine des nations. Il faut donc vivre cela comme une épreuve qui
entre dans le combat politique, puisque c’est aussi en tant que chef
d’Etat que parle le pape, en jouant sur les deux tableaux, mais surtout
en jouant l’ « éthique » mondialiste contre la dimension spirituelle et
judéo-chrétienne de nos racines, qu’il néglige superbement.