@thomas abarnou
Je n’arrive pas à comprendre comment vous pouvez passer de commentaires excessifs comme certains des précédents à des commentaires raisonnables comme celui-ci. Je comprends que Poutine soit insupportable aux libéraux libertariens ou aux socialistes libertaires vu qu’il s’appuie sur des forces conservatrices et traditionnelles pour gouverner. Je dirais que c’est un populiste au sens originel du terme vu qu’il écoute la « vox populi ».
Faisons un essai et voyons ce qui est bon et pas bon pour la Russie en faisant abstraction de Poutine.
- Le communisme a lamentablement échoué et aucune majorité de Russes ne veut y revenir. Le PC actuel n’envisage pas de retour en arrière. C’est plutôt une gauche socialiste de type Mélanchon.
- Le libéralisme des années 90 a été une expérience désastreuse qui a permis à quelques apparatchiks de s’emparer de toutes les richesses du pays. Ce sont des années de honte que les Russes veulent oublier.
- Durant ces années 90, l’Eglise orthodoxe et l’Islam ont été des recours contre la misère à un moment où il n’y avait pratiquement plus d’Etat. Cela leur a permis de devenir puissantes voire même incontournables en Russie.
- La corruption existe à tous les niveau en Russie depuis les plus petits fonctionnaires jusqu’aux gouverneurs de province. Dans leur esprit, c’est faire du business pour arrondir les fins de mois.
- La Russie est un pays immense, multiculturel, multiracial et avec d’importantes minorités religieuses qui échappent en partie au contrôle de l’Etat
- La Russie possède des richesses minérales et en hydrocarbures immenses qui sont convoitées par de nombreux groupes privés.
- La Russie n’a pas de tradition démocratique. On a essayé d’établir une démocratie dans les années 90 mais quand on est dans la misère, c’est le ventre qui commande et une voix s’achetait alors pour un paquet de macaroni. (On me l’a raconté.)
Alors, comment gouverner la Russie quand on connait tout cela.
- un système de démocratie à l’occidentale ne peut fonctionner que s’il a le soutien du peuple dans sa majorité or ce n’est pas le cas. Le respect des valeurs traditionnelles auxquelles les Russes s’accrochent est incompatible avec les lois libertariennes occidentales et un système corrompu où les voix des électeurs s’achètent mènera inévitablement à une caricature de démocratie.
- Il est difficile d’imaginer autre chose qu’un pouvoir autoritaire et incorruptible pour ne pas être submergé par la corruption. La Russie a dû faire face à un islamisme radical soutenu par certains pays arabes et ici aussi, sans un pouvoir autoritaire le pays se serait disloqué.
- Le pouvoir ne doit pas brader les richesses nationales au bénéfice de sociétés privées qui ne redistribuent pas les bénéfices dans le pays. (Fuite des capitaux.) Ces bénéfices doivent revenir aux Russes suivant la volonté majoritaire.
autorités qui doit les redistribuer. C’est la volonté de la majorité des Russes.
- L’Etat doit recouvrer son autorité dans les provinces reculées qui sont sous la domination de potentats locaux qui gouvernent avec une absence de respect totale des lois.
- La Russie doit résister à une pression politique, économique et militaire de l’Occident qui veut lui imposer le système libéral mondialiste qui retire le pouvoir de régulation économique à l’Etat (TTIP, mondialisation etc).
Le système doit fonctionner en tenant compte des intérêts à moyens et à long termes du pays.
Notre système démocratique occidental n’est pas adapté pour être transposé tel quel en Russie à cause de son manque de stabilité et aussi à cause de ses tares qui serait exploitées par les profiteurs sans vergognes qu’on trouve par milliers en Russie.
Si la Russie devenait un jour riche et passait dans une civilisation postindustrielle comme nous, elle pourrait peut-être se permettre le luxe d’une démocratie comme la nôtre.
En attendant, je trouve que l’essentiel est préservé. La liberté d’opinion existe, le pluralisme des médias aussi (plus de 2000 chaînes télévisées, la plupart privées, des journaux d’opposition et un Internet très actif), la liberté de mouvement aussi (elle n’est entravée que par le coût et les difficiles formalités de visas des consulats occidentaux), le niveau de vie a été multiplié par quatre depuis 2000, l’ordre règne plus ou moins bien dans le pays et l’indice de satisfaction des citoyens est de 2 à 3 fois plus élevé qu’en Occident.
PS. Quand vous faites l’éloge de la démocratie occidentale, pensez que la Grèce, l’Espagne, la Bulgarie et bien d’autres sont des pays où la démocratie européenne n’a pas apporté la prospérité pour le plus grand nombre.