Je vais essayer d’expliquer pourquoi les retraites ne seront plus financées à terme (ou un minimum vieillesse pour tous équivalent peut être au RSA aujourd’hui)
- Prenons d’abord un simple exemple que chacun (pour peu qu’il utilise une voiture) pourra constater.
Si vous empruntez aujourd’hui une autoroute à péage vous constaterez assez facilement que plus personne ou presque n’est là pour encaisser le montant de votre passage sur l’autoroute. Il reste certes des guérites mais simplement pour la forme, pour laisser croire qu’un jour prochain des humains encaisseront à nouveau les péages.
Aujourd’hui les personnels qui occupaient les guérites dans les péages sont employés à d’autres tâches (administratives ou parfois d’entretien). Ces personnes ne seront pas renvoyées même si leur emploi n’est pas très utiles mais il est certain qu’une majorité d’entre elles partiront dans les 10 ans à la retraite et que pour payer leur assurance vieillesse (durant parfois 40 années) personne ne cotisera plus (les automates ne cotisent pas).
Il en est de même dans beaucoup de sièges administratifs de banques ou d’assurances, l’entreprise attend patiemment les départs naturels et elle ne remplacera au mieux qu’1 personne sur 3.
Comme chacun devrait le savoir (mais sans doute la tentation de se boucher les yeux est grande) les retraites des salariés ne sont pas capitalisées (on n’épargne pas pour soi chaque année une somme qu’on toucherait plus tard à la retraite) , non ce n’est pas comme cela que ça marche : les sommes cotisées sont juste réparties (de là le terme de répartition) entre tous les retraités (ce qui explique la faillite prochaine des caisses de cadres par exemple).
Ce système avait un double intérêt en 1945 quand il a été institué :
- il permettait d’offrir immédiatement des retraites à tous les travailleurs même s’ils n’avaient pas cotisé (guerre, travail non salarié....)
- il était très avantageux dans un premier temps car rares étaient les retraités (classes creuses de la première guerre mondiale) et peu longues étaient leurs retraites (5 à 6 ans en moyenne vu l’espérance de vie et l’âge de départ qui était bien plus élevé)
Aujourd’hui tout a changé (sauf les règles devenues obsolètes de la retraite par répartition et c’est le regretté Michel Rocard qui le disait dès 1992 quand il était Premier Ministre de François Mitterrand :
- les retraités partent très tôt (67 ans en Allemagne mais souvent avant 60 ans en France)
- les retraités peuvent espérer en partant à cet âge toucher une retraite pendant 30 à 40 ans (parfois durant une période plus plus longue que leur activité)
- les classes qui partent actuellement à la retraite font partie de baby boomer de l’après guerre (des carrières longues et plutôt bien payées, pas d’interruption par le chômage, des salaires qui ont progressé aussi avec l’inflation mais qui désormais sont bloqués par l’inflation zéro)
- les jeunes aujourd’hui qui cotisent sont embauchés à des hauteurs de salaires faibles (plus faibles que le montant de nombre de retraites), ils ont des « carrières » heurtées, ils sont souvent précaires, intérimaires, en emploi aidés (dont avec peu de cotisations) et enfin ils quittent le monde enchanté de l’éducation autour de 25-30 ans (sans cotiser avant cet âge très souvent)
- le chômage enfin (dû en partie à notre haut niveau de protection sociale et à nos coûts salariaux trop élevé face aux autres pays) est devenu un phénomène durable et de masse (entraînant depuis 30 ans moins de cotisations pour les retraités).
Comme l’a dit il y a quelques années Michel Godet, prof émérite au CNAM, les retraites ressemblent beaucoup à une pyramide de Ponzi, une quasi escroquerie à la Madoff où bien loin d’apporter des solutions durables pour la protection sociale le pays emprunte et mange son gâteau (la richesse nationale) avant même de l’avoir confectionné (c’était d’ailleurs la définition du socialisme par JF Kennedy).
Si les grands pourfendeurs du capital avaient des solutions (autres que celle de recréer la Corée du Nord ou le Venezuela) cela se saurait et des pays audacieux auraient certainement tenté l’expérience.