La rente en France
S'il est un mot qui semble bien oublié en France mais qui pourrait caractériser notre pays depuis la fin du XX ième siècle, un mot qui fit le bonheur de millions de Français au XIX ème siècle c'est bien celui de rente.
Une définition de la rente
(site Internet Larousse)
Rente : Revenu périodique, non obtenu par le travail, contrepartie du droit du propriétaire d'user de sa terre (rente foncière) ou provenant d'une ressource rare (rente pétrolière) ; supplément de rémunération qui, par suite des circonstances, d'une conjoncture particulière, etc., s'ajoute à la rémunération normale d'un (ou des) facteur(s) de la production.
Allocation régulière versée au titre de la législation concernant les accidents du travail.
Familier. Personne ou chose dont on tire un profit régulier
La rente est donc l'assurance de percevoir un revenu régulier sans travail, elle s'oppose par là même au travail qui est à la fois
- un risque (de perdre son travail, son entreprise, son activité)
- un effort (se lever le matin, prendre des responsabilités, diriger ou être dirigé)
- une mobilisation des ressources internes et externes pour produire des richesses
- une collaboration et une interaction avec les autres (on perçoit individuellement dans son coin sa rente ou ses allocations alors qu'on travaille toujours avec et pour les autres).
La rente s'oppose donc au travail et elle domine partout en France
Les retraités sont évidemment les premiers et les plus nombreux de ces rentiers. On peut estimer que les retraités gagnent ce que l'assurance vieillesse leur assure en échange de leur travail passé mais c'est oublier que
- le travail salarié a tendance à se dissoudre au XXI ème siècle (trop cher, trop compliqué, trop conflictuel en France)
- les entreprises (sauf très rares exceptions) cherchent presque toutes à réduire leur masse salariale et donc leurs cotisations sociales. La méthode la plus simple et discrète étant obtenue par "les départs naturels" (non remplacés)
- les jeunes n'ont souvent ni l'envie, ni la possibilité même de travailler régulièrement pour entretenir 12 millions (peut être un jour 20 millions) de retraités
- Les salaires des jeunes seront de toute façon bien inférieurs aux pensions versées aux retraités et il sera mathématiquement impossible d'avoir (à terme) 1 retraité financé pendant 30 ou 40 ans par 1 seul actif (après guerre c'était 5 actifs pour 1 retraité)
- les retraites de la fonction publique (un engagement financier supérieur au montant de la dette française) ne sont pas non plus financées car l'Etat étant (prétendument) son propre assureur il a négligé de provisionner les retraites de ses 5,5 millions de fonctionnaires (+ celle des ayant-droits)
Le Social représente évidemment la principale rente française
15 % des dépenses sociales dans le monde sont versées aux Français (qui représentent moins de 1 % de la population mondiale).
En 2013, la part des dépenses de protection sociale représentait 31,7% du PIB, soit 672 milliards ... C'est le principal poste de dépenses publiques en France (source vie publique).
Ce social dont nous avons fait une industrie nationale enferme les français dans une bulle (qui ne protège que très provisoirement sur une planète qui compte 7 milliards, bientôt 10 milliards de compétiteurs pour des ressources rares (le travail, l'alimentation,l'eau potable, les énergies fossiles...))
La rente est partout en France, à Gauche comme à Droite
Nous avons vu qu'une rente est un revenu régulier obtenu sans travail et bien évidemment (ça va rassurer la Gauche) la rente n'est pas seulement l'apanage de la Gauche. A Droite aussi on a ses rentes :
- l'immobilier (qui concerne tout le pays, Gauche comprise) qui permet de gagner (virtuellement) de l'argent en ne faisant rien (il suffit de s'endetter en achetant dans une ville comme Paris). La conséquence de la hausse de l'immobilier (dans les grandes villes) c'est la paupérisation des jeunes (loyers exorbitants) et le sentiment qu'on s'enrichit sans rien faire (pas d'impôts, de taxe ni même de CSG sur la revente de la résidence principale)
- le commerce et l'activité économique en général : en luttant contre la concurrence (libre et non faussée) la Droite comme la Gauche se rejoignent pour empêcher l'arrivée de nouveaux compétiteurs, pour protéger pour les uns leurs marchés pour les autres leurs "acquis sociaux"
- l'exploitation du pays : La plupart des héritiers ne savent pas faire fructifier le patrimoine (ou le capital) dont ils héritent, nous mangeons donc notre capital (financier, culturel, environnemental...)
Les Français vivent depuis au moins 45 ans (la fin des 30 glorieuses) au dessus de leurs moyens, grâce à des rentes (le passé glorieux, la culture, la gastronomie ou une certaine image qui s'épuisent d'année en année.
Ces vérités que les électeurs ne veulent pas entendre
Tout l'art de tous les gouvernements a consisté à cacher quelques vérités douloureuse (car remettant en cause les XIX et XX ème siècle industrialisant) :
Vérité 1 : la productivité de l'Occident s'affaisse d'année en année. Ce qu'il produit l'est de plus en plus par des artifices (l'inflation d'abord, la dette, le maquillage des comptes ou encore l'importation du travail des autres)
Vérité 2 : sans travail aucun développement économique ni social n'est possible. Mais le travail devenu trop cher, trop complexe, trop conflictuel nous l'avons laissé en grande partie quitter nos pays (l'activité est presque partout subventionnée, sinon devenue non rentable en France)
Vérité 3 : sans apprentissage, sans efforts éducatifs importants, sans formation tout au long de la vie, la France et l'Occident seront condamnés à régresser (et à s'effondrer très probablement comme la défunte URSS).
Nos errements idéologiques, nos conformismes sociaux, nos amateurismes économiques sont d'abord dus à une éducation défaillante, à cet aveuglement idéologique conforté par une école transformée en mauvaise garderie du peuple, une maison des jeunes mais sans la culture.
La France est devenue un pays de rentiers
La rente est partout, à Gauche comme à Droite (Toutes deux ont intérêt à maintenir le plus longtemps possible ce système) et dans ce contexte ceux qui se prétendent les grands défenseurs du peuple et des opprimés (la posture est avantageuse même si les résultats économiques du socialisme sont nullissimes dans le monde) sont d'abord des défenseurs de cet ensemble de rentes sociales et économiques que notre pays s'est ingénié à produire et à conforter depuis les années 70.
Les manifestations contre la loi travail sont les derniers soubresauts des conservateurs sociaux
La rente s'oppose donc au travail et il est bien évident que ceux qui ont fait du travail une malédiction, une torture dont il faudrait délivrer l'homme au plus vite, que tout ceux-là ne peuvent accepter qu'on attaque leur fond de commerce, le code du travail, ce monument historique en péril avec ses intouchables évangiles, un code qui devrait désormais s'appeler le "Code de la fin du Travail salarié".
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