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Commentaire de exocet

sur Ils ont censuré la Chanson de Craonne...


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exocet exocet 4 juillet 2016 12:50

Il n’y a pas eu que des Vals et Sarkozy dans notre Pays, il y a eu d’illustres imbéciles, des malhonnètes, et aussi, des incompétents.
.
parlons d’un détail de l’histoire, un détail meurtrier, Le général Français Robert Nivelle.
Il a tué en vain beaucoup, beaucoup, de soldats Français.
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Le lien
 http://www.bruno-jarrosson.com/nivelle-charme-tapageur-lincompetence/

Nivelle ou le charme tapageur de l’incompétence Le symbole d’un ras le bol

« Un jour j’irai vivre en Théorie, car en Théorie tout se passe bien. » Gracchus Cassar

Tel un bouc émissaire, Robert Nivelle porte sous son képi tous les péchés des généraux de la Grande Guerre. Son nom évoque l’incompétence militaire, associé à celui de l’offensive malheureuse du Chemin des Dames en 1917. Il a d’ailleurs été congédié sans gloire au bout de quelques mois, ce qui fut épargné à son prédécesseur Joffre et à son successeur Pétain. Il est le seul général en chef à n’avoir pas été élevé à la dignité de maréchal. Il y a donc bien eu désaveu à l’époque. Désaveu mesuré car il fallait épargner l’armée. Désaveu nonobstant.

Portrait d’un chef taillé pour de grands désastres

Nivelle est un homme de belle taille et de belle prestance, il a un physique assuré, un regard bleu dont il use pour forcer ses interlocuteurs dans les yeux. Il se tient très droit. Par sa présence, il en impose, comme on dit. Nivelle parle bien, ses idées sont claires, il est très sûr de lui. Et que dit-il à l’automne 1916 justement ? Qu’il possède la méthode miracle pour percer le front, qu’il suffit de reproduire à plus grande échelle ce qui a si bien réussi à Vaux et Douaumont. Que lui l’artilleur, il sait comment utiliser l’artillerie mieux que ne le font les généraux d’infanterie qui ont conçu les attaques jusque maintenant. L’artilleur tire la couverture à lui. Nivelle fait plusieurs conférences à l’automne 1916 dans lesquelles il chante cette mélopée tragique mais douce aux oreilles des politiques qui cherchent une issue rapide à la guerre.

Enfin Nivelle a le sens de la politique. Contrairement à Joffre qui ne sortait de son silence et de sa solitude que pour se montrer bourru ou hautain, Nivelle parle avec les hommes politiques. Il les fréquente, il les rassure, il les flatte. Dans une époque de doute, il assène des certitudes.

L’arrivée d’un personnage du genre de Nivelle à la tête d’une organisation est assez fréquente. Les hommes très sûrs d’eux, très rassurants, qui correspondent à tous les critères de l’organisation (diplômes, physique avantageux, expérience, sens politique, etc.) arrivent facilement au sommet. Si en plus le doute ne les effleure pas, ce qui est souvent le cas car leur parcours a été aisé, ils sont bien en place pour produire de grands désastres avec une soigneuse tranquillité. On voit régulièrement de ces Nivelle de l’organisation, survendus par la presse comme le fut Nivelle en son temps, dont on nous annonce qu’ils vont faire des prodiges. Quelques années plus tard, ils partent sous les huées après avoir conduit l’entreprise à la faillite. Et ils écrivent un livre pour donner des leçons sur tout ce qu’ils ignorent. Il existe des Nivelle de l’organisation, nous les avons tous connus.

Quand on se laisse prendre au miroir des apparences, on nivelle par le bas.

Le Chemin des Dames ou l’art de ne pas gâcher une bonne défaite

C’est donc un terrain difficile – Nivelle face au dénivelé – pour une attaque, et probablement inaccessible à l’artillerie.

Nivelle compte sur la surprise mais ce général d’opérette (la métaphore est de Lyautey) est trop vantard pour rester discret. Le plan est bientôt connu du tout Paris et de l’ennemi. En mars 1917, Hindenburg abandonne quarante kilomètres de terrain pour évacuer un saillant et raccourcir sa ligne de front. Il double ses dispositifs et ses troupes de défense. Le piège dans lequel Nivelle est en train de précipiter l’armée française est d’autant mieux conçu et d’autant moins visible pour Nivelle que c’est justement Nivelle lui-même qui en est l’auteur.

Nivelle, le pire cancre de la Grande Guerre

La question le plus troublante que pose l’histoire de Nivelle est la suivante : comment se fait-il que de façon récurrente des Nivelle arrivent à la tête d’organisations ? Avec le soutien de l’environnement, de la presse et de l’organisation elle-même. Avant de traiter cette question, revue de détail.

Les Nivelle de l’organisation

Lorsque je fais des conférences sur la décision à la suite de ma pièce de théâtre Le Chemin des Dames, je dis aux participants qu’il existe des Nivelle de l’organisation, de ces hommes très sûrs d’eux, rassurants, dotés d’un physique avantageux, qui arrivent au sommet sans effort et produisent des catastrophes sans douter. Et quand je dis : « Vous avez probablement tous connu un Nivelle de l’organisation », je vois un sourire entendu flotter sur les visages. Manifestement, chacun à son Nivelle à l’esprit (sauf parfois l’intéressé).

Ceci me confirme ce que l’on sait depuis longtemps : les qualités qui permettent de conquérir le pouvoir ne sont pas les mêmes que celles qui permettent de l’exercer avec discernement. Et tout le monde est conscient de cela. Nivelle s’est montré très en dessous de sa tâche et c’était sans doute un officier médiocre comme il y en a tant. Mais alors, pourquoi cet officier sans relief est-il devenu général en chef ?


[1] Denis Rolland : Nivelle, l’inconnu du Chemin des Dames, Édition Imago, 2012.

[2] Jacques Jourquin : Les maréchaux de la Grande Guerre, 14-18 Éditions, 2008.


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