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Le pire est d’imaginer le paradoxe que la langue sera toujours portée par les moins instruits d’entre nous, puisqu’elle restera l’unique référence : la langue maternelle et culturelle. Les moins bons écoliers, ou les bons qui ne pousseront pas l’étude jusqu’à approfondir une langue exogène, porteront la langue et surtout la façon de penser (la logique de la grammaire) qui s’y rattache ; et tant pis pour l’orthographe qui ne s’entend pas. Parmi les mauvais signes pour l’hégémonie de la langue constitutionnelle, la vigueur des langues régionales revient à point nommé pour achever la dépossession de cette langue commune, gage d’une bonne compréhension entre les individus.
Alors qu’au contraire, plus une identité culturelle est attaquée en son essence - et la langue est un référentiel majeur de l’identité commune - plus elle se renforce (OKay, ;) faudra attendre encore un peu pour la dé-fossilisation mais çà vient).
Pour creuser un peu et tenter d’apercevoir le bout de la tonnelle (mot qui a jadis traversé la Manche à la voile et donné tunnel chez les Anglais ; et qui nous est revenu à l’identique pour désigner autre chose, le passage sous la Manche par exemple), il nous faut faire un rapprochement salutaire entre la parole et la monnaie. Ainsi le mot devise porte en lui cette double sémantique bien pratique qui ne nous fait pas oublier l’archétype commun aux deux expressions du mot (monétaire et langagière). Si le silence est d’or, le mot argent revient à l’argument ; mais aussi à l’argutie lorsque s’en mêle la dialectique du diablotin. Et pour finir ce petit tour sémantique : l’argent et l’argument s’apparentent à cet argile qui bâtissait nos demeures ; par l’expression de la forme réalisatrice, la manifestation d’une idée.
Tout cela pour dire qu’il n’est pas étonnant de voir disparaître progressivement le sens de nos échanges, qu’ils soient fait de langage ou de monnaie.
Tiens ?! Payons-nous toujours en Francs ? Où est la langue européenne qui aurait dû accompagner l’Euro ? Ah, mais c’est qu’inventer une nouvelle langue pour la politique est dangereux pour celle-là qui, bien en place dans les dictionnaires cacadémichiens de tous pays, est rivée au trône unique du monarque absolu (je sais c’est pléonastique mais çà enfonce le clou), que ce soit pour le sens déformé de la monnaie-parole, ou du battage de la monnaie unique.
Les Anglais n’y gagneront rien au final à dénaturer leur langue en langage technocratique et rien d’autre. Nous ne sommes peut-être pas les plus à plaindre question défenestration du sens ; mais il semble bien que l’heure soit grave.