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Commentaire de aquad69

sur La place de la mort dans notre société


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aquad69 (---.---.100.34) 8 mars 2007 12:46

Bonjour Marc,

L’Amour ? Les Anciens le voyaient plus comme un sens, au même titre que la vue ou l’ouïe, comme l’« oeil du coeur » qu’il fallait cultiver et développer, indépendamment de son objet, que comme une aventure ou un sentiment.

Ensuite ils « appliquaient » cette capacité à l’être aimé, le conjoint, leur entourage, l’ensemble du tout et de soi-même, et en réalisaient la synthèse, comme les différents aspects d’une seule et même chose.

L’idée exprimée qu’il est normal d’aimer aussi autre chose que son Amour humain, son « conjoint d’amour », et en particulier le « Tout », l’universel, est une chose qui choque les Occidentaux, qui y verraient une sorte d’infidélité, un amoindrissement du sentiment amoureux.

Ou alors ils ne verraient là qu’une démarche « spirituelle », cad un peu extraordinaire, exotique, étrangère au monde « normal », et un peu originale, pas très sérieuse.

C’est cette habitude de séparation, « rendre à César ce qui est à César », qui a produit un discours religieux coupé de la vie et très lourd, devenu d’ailleurs complètement incompréhensible du fait que ceux qui en sont les adeptes ne font qu’en « pressentir » la valeur, sans y comprendre grand-chose...

Les Anciens le vivaient comme une chose beaucoup plus naturelle ; c’était certes considéré comme le plus important et le plus précieux, mais il n’y avait pas d’obligation ; à chacun son regard sur le Monde, plus ou moins pénétrant selon ses capacités ; tout était sacré, mais non religieux, et il n’y avait pas cette fracture terrible qui existe chez nous.

Car un de nos pires défauts, c’est cette hypertrophie de l’esprit d’analyse qui fait que nous voulons absolument séparer les domaines, spécialiser chaque activité de notre quotidien, professionnel ou non, et nous spécialiser nous-mêmes, pour, parait-il, mieux nous concentrer et être plus efficace ; c’est un fractionnement indéfini, une individualisation, une véritable pulvérisation en tous domaines, entre nous et en nous-même avant tout, qui dépouille tout de son sens et de sa valeur.

Je vais peut-être vous choquer, mais je crois que l’esprit moderne est l’esprit le plus borné qui ait jamais existé dans toute l’histoire humaine, et que c’est précisément là la raison de son apparent « succès » technique.

Car à comparer une pointe d’aiguille à une feuille de papier, la pointe d’aiguille est plus étroite, plus bornée que la feuille, mais c’est précisément pour celà qu’elle réussit à percer le tissus.

Les Anciens faisaient « tout ensemble », et fondaient même les méditations les plus élevées sur les activités les plus triviales, en toute simplicité ; ils étaient capables de faire de la préparation d’oeufs au plat une leçon spirituelle !

Et c’est là l’origine de cette beauté et cette harmonie dont la présence nous étonne toujours dans tout ce qu’ils nous ont laissé. Car, quoiqu’ils fassent ou qu’ils fabriquent, celà concernait, ils y mettaient tout leur être, à tous niveaux, et l’amour qu’ils portaient à tout ce qui les entourait était comme une signature, une griffe qu’ils apposaient sur tout ce qu’ils faisaient.

Mais quand à nous aujourd’hui, quand on s’intéresse à ce sujet, et que l’on va par exemple se promener sur « meetic » et autres lieux de « rencontres », on découvre que les gens d’ici ont remplacé « l’amour » par « un amour », voire même par « une histoire d’amour », ce qui n’est souvent plus rien d’autre qu’une « consommation » particulière.

Ceci dit sans amertume ; le Monde est, et sera toujours magnifique ; mais l’on est pris de vertige par la souffrance qui se dégage notre société moderne.

Amicalement Thierry


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