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Commentaire de Kabyle d’Espagne

sur Pourquoi l'islam n'a pas détruit les statues de Bouddha durant quatorze siècles ?


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Kabyle d’Espagne (---.---.53.30) 8 mars 2007 13:29

Cet article est une version un peu modifiée (et servilement policée dans sa conclusion), publié sur un site qui se dit kabyle (kabyles.com) et qui n’est rien d’autre qu’un torchon villieriste.

Il est difficile de prendre LSA Oulahbib au sérieux. Je vais pourtant me risquer à vivifier la discussion avec un peu plus de rigueur qu’il ne le fait.

Et si l’on commençait déjà par revoir les passages bibliques et coraniques dans leur intégralité ?

Que trouve-t-on ? Quelque chose de crucial : LSA a tout simplement mutilé le verset bible sur lequel il fonde une « supériorité » conceptuelle. C’est un geste qui porte vraiment à conséquence.

Voici l’extrait (Bible Louis Segond, 1910) : Genèse (2:20) Et l’homme donna des noms à tout le bétail, aux oiseaux du ciel et à tous les animaux des champs ; mais, pour l’homme, il ne trouva point d’aide semblable à lui. (je souligne).

C’est très intéressant car là où LSA croit voir la « liberté » d’Adam, la seconde moitié du verset (cachée par LSA) montre justement une limitation à sa liberté.

Mais acceptons la fadaise de LSA comme thèse : selon la Bible, Adam est libre car il nomme les animaux. LSA tient son scoop théologique : L’Homme est libre dans la Bible mais pas selon l’Islam. Par hypothèse, disons oui à cette sornette. Surgit alors une question : Et la femme dans tout ça ? Elle est libre, elle aussi ?

En fait, LSA en bon croyant a bien disposé les choses et c’est avec une belle vergogne de catéchumène qu’il protège sa croyance des pires idioties qu’elle a pu elle-même produire depuis le début de son histoire.

Lisons les bonnes paroles de Saint Paul sur le sujet de la femme (1 Corinthiens, selon la Bible de Jérusalem) :

1 Cor 11:3 Je veux cependant que vous le sachiez : le chef de tout homme, c’est le Christ ; le chef de la femme, c’est l’homme ; et le chef du Christ, c’est Dieu. Maintenant, voici les versets de 5 à 10 :

5. Toute femme qui prie ou prophétise le chef découvert fait affront à son chef ; c’est exactement comme si elle était tondue. 6. Si donc une femme ne met pas de voile, alors, qu’elle se coupe les cheveux ! Mais si c’est une honte pour une femme d’avoir les cheveux coupés ou tondus, qu’elle mette un voile. 7. L’homme, lui, ne doit pas se couvrir la tête, parce qu’il est l’image et la gloire de Dieu ; quant à la femme, elle est la gloire de l’homme. 8. Ce n’est pas l’homme en effet qui a été tiré de la femme, mais la femme de l’homme ; 9. et ce n’est pas l’homme, bien sûr, qui a été créé pour la femme, mais la femme pour l’homme.

Je réponds ici à plusieurs choses : théologiquement, la femme est présentée comme l’objet de l’Homme, sa seconde, sa servante, sa subordonnée. Que LSA cesse de berner ses lecteurs avec une ridicule coupure entre un fictif « judéo-christiansime » et un Islam qui serait « par nature » plus machistes que les autres religions ...sémitiques et orientales. Saint Paul a bien sûr tenté de concilier les deux êtres mais, il y en a bien un qui est « plus égal » que l’autre ... Et on voit ici que Paul est l’un des premiers a imposer un voile à la femme dans sa pratique religieuse.

L’autre point escamoté par LSA est vitalissime dans la théologie chrétienne, surtout dans son versant catholique (mais pas seulement) : comment ose-til parler de liberté de l’Homme dans une religion qui s’est spécialisée dans le dogme pervers du Péché originel ? Selon ce dogme culpabilisateur, nous naissons tous coupables. C’est sans doute ça, la liberté et c’est cette même liberté qui doit nous « forcer » à accepter un autre dogme, celui de la Salvation. C’était tellement absurde qu’il fallait tempérer ce dogme par « l’invention » loufoque du Purgatoire.

Curieusement, lorsqu’on lit de vrais commentateurs de la Bible (juifs, latins ou anglo-saxons), c’est l’autre moitié escamotée par LSA dans Gen 2:20 qui a fait le plus l’objet de commentaires exégétiques : il s’agit d’un récit (mythique) sur la Création et le plus important concerne justement la limitation d’Adam dans son savoir et sa liberté.

De plus, LSA s’aventure sur l’un des textes bibliques les plus controversés : N’est-ce pas dans ce même épisode que la femme est la connaissance sont simultanément condamnés ?

Pouvons-nous vraiment encore attendre la moindre information précise ou objective de la part d’un croyant moyen comme LSA ?

Notre « spécialiste en herméneutique » utilise - contre toute connaissance historique solide - un terme qui lui paraît évident : le « judéo-christianisme ». Il le fait pour l’opposer fictivement et idéologiquement à l’Islam.

Sur 3 siècles de production lexicographique, le mot « judéo-chrétien » semble parfaitement inexistant dans le dictionnaire de l’Académie française. Pis, ce sont des définitions ouvertement antisémites qui sont reprises jusqu’en 1935 !

Le mot « judéo-chrétien » a fait son entrée en France vers le 19e siècle seulement mais dans un sens très précis : celui des premiers « chrétiens » du 1er siècle, directement issus du judaïsme et dont ils respectaient souvent les lois (comme le feraient de bons juifs). Et quant à l’usage scientifique contemporain de ce terme, il concerne des études monographiques sur des groupuscules américains mélant juifs et protestants dans une perspective proche du Christian Zionism.

On le voit bien, LSA n’utilise aucun de ces emplois scientifiques. Il les utilise tout simplement comme le font les journalistes (ce n’est pas un compliment) ou comme les idéologues d’extrême droite (milieu idéologique qu’il fréquente via Occidentalis).

Historiquement parlant, c’est plutôt un antijudaïsme qui a existé tout au long de l’histoire de l’Occident et qui a culminé dans l’anti-judéo-christianisme des années 30. Il n’y a pas si longtemps que ça, on priait encore pour « les perfides juifs » pour le Vendredi Saint ... et l’essor d’une « sympathie » pour le monde et l’histoire juifs est une manifestation hélàs bien tardive.

La doctrine du Verus Israel (le Vrai Israël) préchée par les premiers chrétiens contre les Juifs (c’est d’ailleurs le titre d’un triste ouvrage de Saint Augustin) a largement porté préjudice à cette nation tristement martyrisée que sont les Juifs.

Je signale d’ailleurs que beaucoup de Juifs se sentent plus proches -théologiquement - de l’Islam que du christianisme (une camarade juive pratiquante a cessé de me parler depuis mon mariage avec une « chrétienne » ...). Et si vous vous plongez dans les commentaires talmudiques sur la Genèse (Béréchit), vous ne trouverez aucune trace du péché originel ni même d’une prétendue liberté dérivée du verset (mutilé) que LSA croit trouver. C’est surtout la création de la femme qui va intéresser les herméneutes du texte biblique.

On le voit bien, le scoop théologique de LSA ne tient pas ni dans la tradition chrétienne et encore moins dans les commentaires hébraïques ... et il a encore faux dans le commentaire coranique. Pourquoi ? C’est pourtant simple, il suffisait de lire ... en entier, et non pas s’arrêter quand ça arrange nos maigres connaissances.

LSA interprète le passage coranique comme un manque de liberté donnée à Adam. C’est drôle mais aucun Tafsiir, qui va de Tabari jusqu’aux plus récents, ne mentionne une telle lacune dans ce qui est tenu comme le couronnement de la Création. Dieu fait apprendre à Adam non pas les noms des animaux (Bible) mais les noms de toute chose pour lancer un défi aux (arch)anges et aux autres créature. L’objet du challenge ? montrer que Adam est le plus digne de tous (car meilleure oeuvre du Créateur) pour être le vicaire de Dieu sur Terre.

Je vais faire une blague : c’est un peu comme Steves Jobs qui charge son IPod pour montrer qu’il n’y a pas (encore) mieux sur le marché ...

LSA s’essaie à des textes qui le dépassent par manque de culture et de méthode. On a comme envie de dire à LSA ce bon vieux dicton kabyle : il manque 19 pour faire 20.


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