Beaucoup de détresse et de mal-être derrières les commentaires agressifs qui accompagnent ce témoignage qui a levé un lièvre. Ce qui prouve sa pertinence et sa nécessité.
Le travail est une valeur forte, nécessaire à la réalisation de l’image que chacun a de soi. Autant d’images que de personnes.
D’aucun ressentent une réelle satisfaction à consacrer leur vie à l’accomplissement de leurs tâches professionnelles. Ils en tirent des revenus qu’ils peuvent consacrer librement à l’acquisition de biens non strictement liées aux seules nécessités quotidiennes. Cette démarche procure un moyen de paraître aisé afin de se prouver son intégration sociale. On se gardera de la systématiser. Le pouvoir d’achat que procure une réussite professionnelle peut être perçu comme une conséquence heureuse sans constituer une fin en soi. Tous se persuadent que les richesses qu’ils créent par leur travail participent au bien commun, ce qui n’est pas intrinsèquement déraisonnable puisque économiquement exact.
D’autres éprouvent la nécessité d’une existence orientée vers des valeurs culturelles ou d’animation sociale. Ils n’en tirent aucun profit financier. Ils estiment que les valeurs qu’ils prônent constituent le socle indispensable à l’édification d’une société harmonieuse. La nature des liens sociaux ne se résume pas dans la seule relation envers l’économie marchande. Nombreux sont ceux qui tentent de rapprocher leur vie professionnelle de cet objectif. Rien de plus réaliste que cette attitude.
La réunion de ses images compose le tableau de notre vie sociale, dont nous essayons de lire la signification. Aujourd’hui, ce tableau est illisible.
Il est rendu flou parce que la création de valeurs économiques nous est rabâchée comme la seule voie d’accès à une société épanouie, faisant fi de toute autre considération, immédiatement taxée de déviance gauchiste.
Il est rendu flou par le fait que le secteur marchand prétend s’approprier les valeurs culturelles. Il n’est pas loin d’y parvenir. Derrière cette prétention se cache la volonté machiavélique d’un asservissement total de la population, de la prise de contrôle de son comportement afin que la totalité des valeurs en circulation s’ajoute au profit des sociétés contrôlées par le secteur bancaire. Cette dérive est parfaitement ressentie par tous mais elle fait l’objet d’un tabou absolu. D’où la posture incomprise de ceux pour qui le travail est une fin en soi et ne savent pas comment se défendre d’alimenter le système qui à terme broiera leur libre-arbitre. D’où le procès d’intention de ceux qui reprochent aux premiers de précipiter la réalisation d’une société esclavagiste. En amalgamant la valeur du travail avec les objectifs déviants du pouvoir marchand, ces derniers creusent la tombe du modèle social dont ils tentent d’empêcher la suffocation.
Le débat n’est pas près de se terminer.