En cela, le musulman est d’abord un déiste comme un autre, un
laïc par crainte de la dictature des ignorants, un républicain qui sait
le prix payé au pouvoir religieux pour avoir le progrès scientifique et
la liberté de conscience.
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Un musulman, pas plus qu’un autre croyant des « religions du Livre » ne saurait être un « déiste ». Il se réclame d’une religion REVELEE. Or, le déisme, qui n’a jamais été une religion et qui fait très peu de cas de la notion du sacré, s’est développé au XVIIIe siècle sous l’influence d’une philosophie spinoziste qui nie la pertinence de toute prétendue « révélation ». A la différence de l’athée, le déiste pense que le monde ne s’explique pas sans une cause première comparable au premier moteur immobile d’Aristote. Il est le « grand horloger » dont parler Voltaire, lequel aurait construit un univers dont il paraît quand même, depuis s’être complètement désintéressé.
Le déiste ne rend aucun culte à aucun dieu ; il suppose, dans la lignée philosophique de Descartes, que ce créateur du monde est rationnel puisque les lois de la physique peuvent s’écrire en langage mathématique. Il convient donc, à son exemple, probablement, de cultiver la raison, de fuir toute forme de superstition imbécile et d’aimer la justice. Le dieu des déistes n’interdit rien, ne prescrit rien ; les catégories du haram et du halal, par exemple, le feraient doucement rigoler, et aucun jugement dernier n’attend les mortels à la fin des temps.
A la fin du conte de Voltaire intitulé Candide, le jeune homme demande à un sage musulman (ça, c’est pour faire enrager les chrétiens) ce que sont les intentions de Dieu sur le monde. Et l’autre de faire une réponse en forme d’une autre question, laquelle n’a pas grand chose à voir avec l’islam : quand le Sultan, dit-il, envoie un vaisseau en Egypte, se soucie-t-il des souris qui sont dans la cale ? (je cite de mémoire).
Autrement dit, s’il existe un dieu, il ne se préoccupe pas plus des homme que les hommes ne s’interrogent sur le destin des plus petits animaux : ils les écrasent en marchant sans même s’en apercevoir.
C’est ça, le déisme. et un musulman qui rêve de se retrouver un jour en paradis au milieu des ruisseaux, des fleurs et des houris, ne saurait bien évidemment être un déiste. Un musulman déiste serait un apostat et il mériterait le traitement particulièrement sévère que l’islam réserve à l’apostasie.