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Commentaire de averoes

sur Michel Onfray, Penser l'islam


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averoes 10 août 2016 19:00

Bonjour.

Comment expliquer à tout esprit dont la propension à une lecture interprétative du Coran est un réflexe pavlovien, dès lors qu’une incohérence y est relevée, que l’élasticité de la langue n’est pas sans limite ? Seuls l’amour de la chose vraie et l’honnêteté intellectuelle sont susceptibles de rendre à César ce qui lui apparitent quant à une sémantique juste du texte coranique.

Une herméneutique du Coran est-elle possible ?

Cela dépendra bien sûr d’un postulat de départ inévitable qui découlera nécessairement de la réponse à l’interrogation suivante : s’agit-il d’un texte divin ou non ? Qui en est l’auteur ?

Si l’on accorde un certain crédit au principe du rasoir d’Ockam, et si l’on considère avec un minimum de sérieux et d’honnêteté le verset 7 de la SOURATE 3 (AL-IMRAN), la lecture littérale s’impose et toute herméneutique devient impossible, dès lors que le texte se réclame clairement d’une origine divine.

<< C’est Lui qui a fait descendre sur toi l’Écriture. En celles-ci sont des aya (versets) confirmées (?) qui sont l’essence de l’Écriture, tandis que d’autres versets sont équivoques. Ceux au cœur de qui est une obliquité suivent ce qui est équivoque (?), dans l’Écriture par recherche du trouble et recherche de l’interprétation [de ces aya]. [Mais] l’interprétation de ces aya n’est connue que d’Allah, et ceux enracinés (wa Ar-rasikhouna) en la Science déclarent : "Nous croyons à cela. Tout émane de notre Seigneur  ! ne s’amendent que ceux doués d’esprit. Seigneur ! ne fais point obliquer nos cœurs, après nous avoir dirigés ! Accorde-nous grâce (rama) issue de Toi. Tu es, Toi, le Donateur.">>

Sourate 3 (Al Imran) verset 7. Traduction de R. Blachère.

En dépit de la controverse née depuis l’émergence de « `lm al kalam » (théologie musulmane incarnée par les deux grandes écoles qu’étaient les Mu`tazilites et les Ach`arites) autour de la lecture de ce passage (wa ar-rassikhouna), il est une lecture qui semble l’emporter eu égard au contexte et à la tonalité du verset : la lettre « wa » semble plutôt indiquer une reprise (position des Ach`arites) et non une conjonction de coordination (position des Mu`tazilites). C’est en tout cas la lecture qu’a adoptée, à juste titre nous semble-t-il, R. Blachère. Il en résulte que l’herméneutique du Coran devient un apanage exclusivement divin puisque toute tentative humaine d’interprétation s’inscrit nécessairement, selon ledit verset 7, dans une volonté de provoquer la « fitna » (trouble, discorde, dissension…).

Eu égard à toutes ces considérations, dites à M. Onfray que la légitimité d’une hérméneuique du Coran n’est pas acquise par simple décret d’une rationalité, fut-elle philosphique. Dès lors, ou bien il faut se résoudre à l’idée d’une oeuvre humaine, ou bien la question d’un texte révélé devient un pis-aller idéologique.

Bien à vous.


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