« Ne
nous flattons pas de conserver notre liberté en renonçant aux mœurs
qui nous l’ont acquise. » Jean-Jacques
Rousseau, Lettre
à M. d’Alembert.
La citation est un peu décalée et pas seulement dans le temps mais
dans l’esprit.
A l’époque des Lumières, les esprits dits
forts ( très minoritaires ) équivalaient dans l’opinion d’état
à ceux dont vous vous méfiez aujourd’hui : ils étaient à
la marge de la société – illisibles pour la plèbe et à l’index
pour ceux qui détenaient le pouvoir dont ils contestaient la
légitimité de droit divin.
Ils étaient en butte à une
surveillance de tous les instants et parfois assignés à résidence
que ce soit par le fait que,comme le marquis de Sade,ils tiraient
gloire de leurs mœurs dissolues au lieu de cacher la poussière sous
le tapis ou pour leur esprit subversif comme Voltaire.
En
réalité, la liberté que mentionne Rousseau est celle difficilement
arrachée qu’il ne veut pas brader pour d’illusoires honneurs ou
prébendes.
Ce que le pouvoir monarchique absolu avait été contraint de
tolérer, il rêvait de trouver les moyens de revenir dessus.
Cela
s’appelle aujourd’hui dans différents domaines les droits
acquis sur lesquels d’aucuns proposent aussi de
revenir pour toutes sortes de raisons.
Reste maintenant à vous situer dans le camp de ceux qui veulent
revenir en arrière ou de ceux qui s’accommodent bien ou mal,
satisfaits ou résignés, du sens de l’histoire