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Commentaire de Fergus

sur Affaire Sauvage : la scandaleuse décision du TAP de Melun


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Fergus Fergus 18 août 2016 13:37

Bonjour, cevennevive

Une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint. Et pourtant, nombre de ces femmes pourraient échapper à leur tortionnaire. Or, elles ne le font pas, ou trop rarement. Parfois jusqu’à l’issue dramatique, le plus souvent la mort de ces femmes, plus rarement celle du bourreau.

Malheureusement, ce schéma est bien connu des associations. Mais comment lutter contre l’emprise psychologique subie par ces femmes et qui paralyse toute réaction rationnelle de leur part ? D’où l’incompréhension que nous éprouvons lorsque nous sommes confrontés à ce genre de cas de maltraitance.

Sur les viols de ses filles, elle n’en a eu aucune connaissance aux moments où ils se sont produits, le mari agressant les gamines en l’absence de son épouse.

Pour ce qui est de la gendarmerie, elle y est allée une fois, mais n’a pas été au bout de la démarche du dépôt de plainte, paralysée par la domination qu’elle subissait et qui la maintenait sous influence.

« Puis, tout à coup, après toutes ces années, elle prend un fusil et tue son tortionnaire"

Eh oui, dans le langage courant, on appelle ce phénomène "la goutte d’eau qui fait déborder le vase". Un jour, confrontée dans sa tête à tout ce qu’elle a subi, Jacqueline Sauvage a trouvé la force de s’affranchir de sont état de victime perpétuelle. Elle l’a fait d’une manière tellement maladroite que c’en est pathétique : une personne un tant soit peu moins spontanée désireuse d’assassiner son mari se serait infligé un coup violent sur la tête puis serait venue abattre de face le conjoint afin de donner tout le crédit nécessaire à la légitime défense. Le fait même qu’il n’y ait rien eu de tel plaide en faveur de Mme Sauvage.

Des femmes battues qui, comme vous, ont fui, j’en ai également connu une ou deux. Mais j’ai aussi connu le cas d’une femme qui, incapable de fuir, s’est suicidée pour échapper aux coups ; c’était cela ou elle aurait, elle aussi, abattu tôt ou tard son tortionnaire. Pas simple, la condition de femme battue lorsqu’on est victime d’une emprise psychologique.

Pour toutes ces raisons, je ne comprends pas votre conclusion, venant d’une femme qui a été elle-même exposée.

Bien que le rapport psychologique soit indirect, je vous invite à lire Violée, humiliée... Détruite ! ou le récit véridique d’une suite d’actes de viols sur une jeune fille qui, à un moment, a pourtant la possibilité d’échapper à son bourreau. Ce qu’elle ne fait pas. Extrait :

« Lorsqu’elle se relève après le viol, Florence n’est plus que l’ombre de la jeune fille qu’elle a été. En quelques minutes, l’univers insouciant de son adolescence tranquille s’est effondré, tel un château de sable emporté par la vague sur la plage toute proche. Incapable de la moindre réaction, Florence est désormais entièrement soumise à la volonté de son agresseur. Tous deux remontent dans la voiture du violeur. Revenus à X…, Kévin prend le temps de s’arrêter pour acheter des cigarettes. Florence, restée dans la voiture, ne tente rien tant est profond l’état de sidération dans lequel l’agression l’a plongée. Des camarades et des passants sont pourtant là, à portée de voix, qui pourraient lui venir en aide. Mais la jeune fille n’est plus qu’une coque vide. Kevin revient. La voiture repart vers le domicile du violeur. Le cauchemar peut recommencer… »

Toutes les femmes ne sont à l’évidence pas armées de la même manière sur le plan psychologique !



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