Depuis le XXVIIe
siècle et jusque aux tout débuts du XXe , le français était
la langue parlée par toutes les cours d’Europe et par voie de
conséquence la langue diplomatique par nécessité.
Il y aurait matière
à gloser longuement sur les raisons de son relatif effacement
progressif mais on peut constater qu’il accompagne le déclin de la
France en tant que puissance politique. D’aucuns pensent encore
pouvoir ressusciter les splendeurs passées : ils sont à la
fois touchants et pathétiques surtout quand par des débats dont
l’ineptie semble échapper à leur myopie mais éclate aux yeux du
monde entier, ils croient faire renaître une identité figée par
une sorte de nostalgie qui ajoute à leur déclassement progressif.
Étant
moi-même un petit peu bilingue français/allemand ( j’avoue que le
manque de pratique me rend de plus en plus souvent hésitant sur le
choix des mots en allemand ) je trouvais beaucoup de satisfaction à
ce que l’on me complimentât sur mon accent germanique qui n’était
pas mâtiné de français
Par définition, un chanteur a
l’oreille musicale, ce qui ne rend pas trop compliqué chez lui la
restitution des sons dont est faite une langue, a fortiori aussi
prégnante que l’anglais à laquelle les moutards sont aujourd’hui
biberonnés de manière intensive, ne fût-ce que par l’arrière-fond
musical qui rythme leurs jours
Je ne vois aucune
raison de faire un mauvais procès à Léa Salamé sur son compliment
( elle-même est multilingue ) ni à reprocher à ce chanteur d’avoir
choisi l’anglais comme mode d’expression musicale
Le bât ne
blesse-t-il pas ailleurs, dans ces petites classes où tout un savoir
pédagogique qui , sous la férule des hussards de la république,
de ces hommes et femmes qui se dévouèrent pour l’école laïque
émancipatrice, amenèrent des classes d‘âge entières de petits
paysans ou fils et filles d’ouvriers sur les rives d’un savoir
que nos contemporains sont souvent loin de partager aujourd’hui.
Tout
cet art de l’enseignement qui a été victime de funestes
entreprises de modernisation et les différentes réformes furent
autant d’expérimentations hasardeuses et inefficaces si on les
mesure à l’aune de leurs consternants résultats.
Qu’on le veuille
ou non, l’anglais est en train de s’affirmer et il imprègne déjà
de toute évidence le vocabulaire.
Qui se soucie encore
de l’équivalent français du mot anglais qui s’est imposé dans
la langue vernaculaire ?
Une langue évolue,
elle s’enrichit d’apports extérieurs ( de mots arabes par
exemple qui donnent des crises d’urticaire à quelques simplets )
et malheureusement, si l’on n’y prend garde , elle tend aussi à
s’appauvrir quand le terme importé s’impose au détriment du
français.
L’anglais se diffuse dans la langue courante, c’est
comme ça ! C’est la faute à la technologie, au progrès, à
Hollywood, à la musique pop, c’est la faute au temps qui passe et
ne revient pas, c’est surtout la faute à ceux qui en mésusent en
croyant être « in « comme on dit , à la page comme je
dirais, moi.