Plus une entreprise grossit, plus elle rêve de racheter ses concurrents
pour parvenir à une situation de monopole. L’aboutissement de la
concurrence par ceux qui la défendent est donc son exact contraire.
C’est
un peu comme le libéralisme : les libéraux passent leur temps à
reprocher aux États de pondre des normes et des règlements qui n’en
finissent pas de complexifier la vie des entreprises (ce qui est vrai),
mais au sein de leurs entreprises ils passent leur temps à pondre des
normes et des règlements qui n’en finissent pas de complexifier la vie
des salariés (notamment en vertu de la sacro-sainte sécurité, ou HSE en
langage new-age, domaine à propos duquel on pourrait gloser longuement).
Normes dont ils s’exonèrent eux-mêmes évidemment, puisque comme chacun
sait, tout le monde doit respecter la loi, sauf ceux qui la font.
Autrement
dit, les libéraux adeptes de la concurrence appliquent assidument un
principe très connu : « faites ce que je dis, pas ce que je fais ».
Plus généralement, et plus philosophiquement aussi, nous avons 2 principes qui s’opposent : la concurrence et la coopération.
Entre
les deux, personnellement mon choix du cœur va directement vers la
coopération : c’est bien la doctrine de la concurrence qui a amené le
registre lexical militaire dans le langage de l’entreprise (on parle de
« guerre », de « stratégie », de « cible » etc). La coopération, c’est
quand-même beaucoup plus cool, du genre peace & love, aimez-vous les
uns les autres !
Maintenant, faute d’être accusé de naïveté, le choix de la raison peut s’avérer
plus discutable ; cependant, il est un point à noter, c’est que
concurrence et coopération ne sont pas forcément exclusifs l’une de
l’autre. Dans la nature, les deux coexistent harmonieusement. La
concurrence a été notamment illustrée par les principes darwiniens,
lesquels ont été largement repris et diffusés. Mais à grande échelle,
c’est la coopération qui domine : tout écosystème (à commencer par la Terre elle-même) est une chaîne
alimentaire dans laquelle chaque maillon est indispensable à l’équilibre
de l’ensemble. De même, à petite échelle, on retrouve la coopération
chez de nombreuses espèces, comme les fourmis, les abeilles, les
dauphins, et j’en passe.
Bref, si une opposition frontale à toute
forme de concurrence ne me semble pas très pertinente, la concurrence
comme seul principe supérieur à tout autre mène inéluctablement à une guerre de tous contre tous, et finalement à ce que l’on voit aujourd’hui, à savoir une atomisation de la société. Sans parler du fait que la concurrence livrée à elle-même s’oppose à des valeurs universelles comme la paix, l’amour, l’altruisme, et tous ces mots qui ont encore un sens pour ceux dont le cœur n’est pas totalement rigidifié.
Si un minimum de concurrence est donc sain, à l’image de ce qui se passe par la nature, elle doit donc être accessoire par rapport à un principe plus englobant : la coopération. CQFD.