En 2010, une association nommée 10:10 a sorti un petit film intitulé No Pressure. Je déconseille fortement aux âmes sensibles de le visionner : il est d’une violence épouvantable. Pour eux, disons, je résume le tableau. On se trouve d’abord dans une salle de classe. C’est la fin de la journée, les mômes s’apprêtent à s’en aller. Lumière glauque. L’institutrice, d’une voix aussi flippante que doucereuse : au fait, les enfants, il y a une superbe idée qui court. Il s’agirait que chacun d’entre nous réduise ses émissions de CO2 de 10%. J’adorerais que vous et vos familles, etc. Pas de pression, bien sûr. Mais, oh, j’aimerais juste savoir qui d’entre vous pourrait le faire. La plupart des élèves lèvent la main. Quelques autres manifestent un certain désintérêt. Sonnerie de fin de classe. Oh, juste avant que vous partiez, il faut que j’appuie… sur ce petit bouton, là. Les quelques élèves qui n’avaient pas montré d’entrain pour la proposition de la sorcière explosent, leur sang, leurs tripes et boyaux éclaboussant de partout, sur les tables, sur les vêtements et sur le visage de leurs voisins. La suite du film reproduit le même genre de scénario : dans une assemblée d’entreprise, dans une équipe de foot à l’entraînement, dans un studio de musique.
Cela s’achève sur une musique de Radiohead (gracieusement donnée pour le film, comme d’ailleurs tout le boulot des figurants et autres), musique qui figure d’ailleurs dans l’album (In Rainbows) que je préférais… Depuis, je n’arrive plus à écouter ce groupe. Thom Yorke, grand ambassadeur de la psychose climatique (il était encore à la COP21 pour y jouer le DJ…), n’a jamais rien dit, ni avant ni depuis, pour marquer son désaccord avec cette horreur. Une musique de Radiohead (une autre, d’un autre album) conclut également le film The Age of Stupid que je voudrais surtout vous signaler ici (faute de pouvoir le commenter…) tant c’est une perle de « confusionnisme vert ». No pressure a été co-écrit par Richard Curtis et par Franny Armstrong, qui est l’auteure de The Age of Stupid.
L’association 10:10 a retiré ce film immédiatement après sa diffusion – en précisant toutefois qu’elle ne ferait rien pour demander le retrait de la vidéo des divers sites qui l’ont fait suivre. Car ce film a évidemment suscité bon nombre de réactions atterrées. Y compris de la part de certains sponsors de l’association, qui s’en sont retirés. Je ne sais pas, au passage, si c’est le cas de l’entreprise qui produit le missile Exocet…, entre autres partenaires de 10:10 – il avait déjà été reproché à cette association de n’être pas très regardante sur ses sponsors, à quoi elle a répondu que la seule chose qu’elle exige est qu’ils soient engagés dans la lutte contre le CO2 (je n’ai malheureusement pas retrouvé cette info dans ma dernière recherche… fait ch…).
Évidemment, j’invite les curieux, s’ils ne sont pas trop sensibles, à regarder cet horrible spot, ainsi qu’à se renseigner sur les critiques qui ont été faites et sur les explications que l’association a données s’agissant de ce qu’elle voulait faire passer comme message et sur le choix de la « forme ». Quelques notes seulement. D’abord, No pressure ne saurait être considéré comme étant une production de commande qui aurait surpris son commanditaire. C’est d’ailleurs une chose qui a été admise par 10:10. Du reste, le précédent film de Fanny Armstrong, The Age of Stupid a justement été à l’origine de la fondation de l’association 10:10, et Fanny Armstrong a co-écrit No pressure. Je n’ai certes pas retrouvé son nom dans la présentation du directoire – présentation ô combien corporate d’une équipe âchement étoffée pour une pauvre petite assoce qui aurait du mal à boucler ses fins de mois (il faut noter au passage, ce qui n’est pas un détail, que cette nana a « probablement inventé le crowdfunding »).
Ensuite, il est important de noter que les auteurs, bon nombre de membres de l’association, mais aussi des journalistes de grands médias et bien des acteurs d’associations de « sauvetage de la planète » ont sincèrement perçu de l’humour (« à la Monty Python ») dans le propos. Sur le fond, enfin, je souligne que les victimes des explosions sont frappés précisément non pas à cause de leur incrédulité mais à cause de ce qui est perçu (par les croyants) comme de l’apathie vis à vis d’un danger supposé avéré et entendu, donc forcément reconnu par tous en principe. C’est en effet la problématique principale telle qu’elle apparaît aux auteurs et autres commanditaires : sachant qu’on va à la catastrophe, sachant que c’est indéniable et sachant que tous les gens le savent, comment tant de gens peuvent rester apathiques, et comment peut-on encore s’y prendre pour les faire réagir ? Autrement dit, il ne s’agit pas à proprement parler de menacer de les zigouiller, mais il s’agit précisément de dire qu’il est absolument inacceptable de rester apathique sachant que la société va au devant d’une terrible menace. Au second degré, leur sacrifice mis en scène vise évidemment à dire que ce vis-à-vis de quoi certains restent apathique est une chose qui va coûter la vie à des humains. Problème : ces nuances n’enlèvent rien au caractère proprement fasciste de la démarche.
Autre curiosité, Franny Armstrong est la fille de Peter William Armstrong, un personnage qui s’est illustré par son implication dans plusieurs campagnes à forte odeur mondialiste :
– Peter William Armstrong est l’un des deux fondateurs de l’ONG OneWorld – avec ses filiales OneWorldTV et OneClimate -, nième avatar de l’ingérence droit de l’hommiste « à la Soros », orienté plus spécifiquement dans l’utilisation des nouvelles technologies pour application aux méthodes de « lobbying citoyen ». Parmi les principaux donateurs de OneWorld en 2015 (2) on peut noter la fondation Ford, la fondation McArthur, des programmes de l’UE pour le suivi d’élections en Guinée Bissau et en Birmanie… ainsi qu’ Oxfam Novib (en particulier pour des interventions relatives à des élections au Sénégal et au Mali). Oxfam Novib est la filiale hollandaise d’Oxfam. A l’origine, il s’agissait d’une organisation nommée Novib. Le sigle Novib correspond à Organisation Néerlandaise pour l’Aide Internationale. Depuis sa fondation en 1956 jusqu’à 1971, Novib a été présidée par… le Prince Bernhard. OneClimate fut notamment impliqué dans la conférence des « peuples » sur le changement climatique, en particulier à Poznan (Cop14). A sa conférence, les deux principaux intervenants furent Franny Armstrong et Yves de Boer. Ce dernier fut le directeur (entre 2006 et 2010) de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique – il est précédemment passé par une autre des multiples officines du cru de Maurice Strong : le Programme des Nations unies pour les établissements humains », dit « UN-Habitat », après avoir dirigé ce genre d’activités dans le cadre de la politique étrangère hollandaise (officines gouvernementales, ONG, ONU, business, les cloisons sont bien minces…). « Surveillance », « lobbying citoyen » et autres soutiens partisans dans le cadre d’élections en Birmanie, au Sénégal, en Guinée Bissau, au Mali (gageons que ça a aussi bien bossé au Nigéria) ; probable ingérence aussi en Iran (1) ; Prince Bernhard… Difficile de ne pas songer aux petites affaires d’un géant du pétrole dont l’histoire – tiens – commence par un partenariat anglo-hollandais. Cette Royal Dutch Shell… qu’on retrouve en si belle place dans le « reportage » de sa fille. La chose, précisément à cause de son incongruité apparente, devrait donner à réfléchir à ce qu’est la dialectique mondialiste.
– Repéré par le directeur des programmes religieux de la BBC John Lang, Peter William Armstrong écrira et produira en particulier l’émission The Sea of Faith, qui inspirera le réseau du même nom. Un réseau dont la vocation est ouvertement de laïciser le christianisme (et de l’affranchir de sa tutelle institutionnelle que sont les églises) sous couvert de refonder une religion universelle – mille contre un qu’un Pierre Hilard aurait tôt fait d’inclure l’offensive dans son analyse du « noachisme » (ce n’est pas ma tasse de thé mais m’a semblé utile de le noter).
– L’une de ses réalisations les plus célèbres, dite « Domesday Project », a consisté en une forme de reprise en mode 2.0 (avec financement UE) d’une entreprise, remontant à l’Angleterre du XIe siècle, qui fut curieusement intitulée « Le livre du jugement dernier »… et qui visait à opérer un recensement intégral de tout ce qui pouvait rapporter du pognon à un gouvernement absolutiste entreprenant de se faire prêter allégeance par tous les souverains féodaux du pays…
(1) Voir le profil de la présidente actuelle d’Oxfam Novib, Farah Karimi.
04/11 11:48 - Eric F
Sur le fond, l’article est totalement convaincant, les effets de l’activité humaine (...)
29/10 22:27 - Homme de Boutx
@Didier Barthès vous oubliez l’évolution technique qui fait que l’on économise (...)
29/10 22:07 - Homme de Boutx
@JL l’apprenti sorcier c’est EDF, D’ailleurs chaque Français consomme 2 kW de (...)
29/10 14:49 - Didier Barthès
Actuellement la population augmente de 1,15 % par an, donc de 10 % en 8 ans et demi environ. (...)
29/10 09:17 - JL
@Homme de Boutx une société qui a voué le principe de précaution aux gémonies est une société (...)
28/10 22:41 - Homme de Boutx
L’exploitation des gaz de schiste et bitumineux présente certainement des conséquences (...)
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