Bonjour Alain Guilloux
Merci pour l’article qui nous invite à découvrir un florilège de pensées de Alain sur l’éducation. Je ne connaissais pas, mais à la lecture, je m’aperçois qu’il faudrait re-contextualiser ces pensées car Alain est l’homme d’une époque, de la seconde moitié du XIX° siècle. Ce qui est vrai pour chaque texte du passé, quand bien même ce n’est pas très lointain, la philologie nous l’impose pour une juste compréhension de ces écrits décalés de notre actualité culturelle et sociétale.
Ainsi Alain a-t-il tété comme sa génération entière (comme les suivantes) à une éducation et un contexte culturel qui étaient fortement patriarcal, et on ressent (je trouve) très fort la gaucherie « d’homme », dans ses propos concernant la petite enfance ; dissimulation pudiquement voilée par sa méfiance, qui n’est jamais qu’un déficit de confiance, logique, puisqu’il s’aventure sur un terrain dévolu à la femme, que l’homme dans son rôle social connaît très mal et dont il maîtrise mal le langage et la geste. « Je n’ai pas beaucoup confiance dans ces jardins d’enfants et autres inventions au moyen desquelles on veut instruire en amusant. »
Il y eut certes à l’époque quelques tentatives philosophiques et artistiques au travers du mouvement romantique panthéiste de faire émerger les sentiments, ce qui dans la société passait pour très inconvenant, mais elles furent vite mis sous l’étouffoir autant par d’autres courants intellectuels scientistes qui lui étaient contemporains, tel que le positivisme, et l’utilitarisme que vous citez (Bentham, Stuart Mill), que par le contexte religieux encore très prégnant.