Bonjour Monolecte,
Un certain ressenti ? Un ressenti certain…..
Monolecte, certains des commentaires te donneraient raison a posteriori : « Une sorte de haine larvée, drapée dans un océan de mépris. »
Alors que tu développes un sujet qui concerne tout le monde : le monde semble avoir changé, est-ce moi qui ai changé ou le monde ? Le monde est-il devenu intolérant, moi y compris, qui ne tolère plus cette intolérance ? Légitime question. C’est celle que se posent tous ceux qui vieillissent… et tu devrais provoquer un réflexion intéressante plutôt qu’une levée de bouclier.
Personnellement (je ne suis ni « jeune » ni « vieux »), je ne veux pas confondre la vie numérique et la vie réelle.
Oui, la vie numérique suscite les déchaînements, le goût de blesser, la violence, la lâcheté derrière le clavier, les passions tristes, la brutalité verbale, la colère sans frein, le plaisir littéraire au seul service du pamphlet, de la parodie, du bon mot, la bile aigre……
En revanche, je trouve la vie réelle étonnamment différente, tellement plus paisible, empathique ou souriante…. Je ne parle évidemment pas des zones d’extrême-pauvreté où le quotidien est abandonné au règne des bandes, des racailles claniques. Et même là, entendons aussi le rire des femmes de la cité qui partagent, s’entr-aident, gueulent, se marrent, cancanent…..
Ou des lieux de chômage industriel et de grande précarité. Et même là, le collectif peut être joyeux, fraternel.
Mais l’exemple que tu prends : en voiture, je l’ai souvent testé : un signe de remerciement à un conducteur/trice qui vous laisse passer, et aussitôt la réponse est la même : un sourire.
Même observation dans la rue si l’on traverse à un passage clouté. Ou si l’on se pousse un peu pour laisser doubler un motard, il répond par un mouvement de jambe (= « j’ai vu ton geste, merci »).
J’ai déjà reçu plusieurs fois le ticket d’horodateur encore valide d’une personne quittant son stationnement précocement, faisant le tour de sa voiture pour me l’apporter et me le proposer, moi qui prenait sa place.
C’est toujours actuel, et ailleurs, c’est pareil. Il suffit que l’Autre existe, par le regard, un brin de conversation, le sourire, une marque de politesse ou de respect, un bonjour à la cantonade. C’est fou le nombre de gens qui répondent positivement à ces marques d’existence !
Même les ordures psychopathes ont besoin de parler, d’exister. Je me souviens d’une jeune femme ayant échappé à un serial killer, à son sort tout tracé dans l’horreur, par l’écoute, la parole, l’intérêt. Elle avait discuté des heures avant de réussir à s’enfuir. Elle a eu aussi beaucoup de chance et rien n’est simple, mais rien n’est écrit d’avance.
Bref. Il serait assez « raciste » de considérer que la pauvreté engendre nécessairement la méchanceté, la violence, la haine.
Je trouve mes compatriotes beaucoup plus sains et bienveillants aujourd’hui que ce qu’ils peuvent encore montrer au volant, car avant, c’était pire.