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Commentaire de N

sur La plaie des « faux » autistes


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N (---.---.62.254) 27 octobre 2016 19:11

@tf1Groupie

En effet, j’ai eu le doute, mais le message était posté, c’était trop tard pour revenir en arrière:D
Ceci dit, depuis l’année dernière, j’ai déjà eu plusieurs fois le coup du « c’est cool » ou « c’est la mode en ce moment ». Mon commentaire n’est donc pas totalement perdu.
Je ne veux vraiment pas généraliser mon cas ; c’est juste mon ressenti. Je suis passée par des moments terriblement difficiles parce ce que je ne pouvais pas mettre de nom sur ce que j’avais. Il y a 25 -30 ans, le Syndrome d’Asperger était quasiment inconnu en France. Mon médecin avait bien pensé à l’autisme mais je parlais....il a donc vite abandonné l’idée. Savoir enfin et pouvoir mettre un nom sur ce dont je souffre est une bénédiction. C’est pour ça que j’ai tendance à me braquer lorsque j’entends que le syndrome d’Asperger est une sorte d’invention et qu’il y a de faux autistes.... ou que non, puisque j’ai l’air normale, c’est que je le suis ( je ne dis pas du tout que c’est ce que vous pensez ni ce que vous avez dit, c’est juste une généralité).
Je ne suis pas étonnée que le comportement de votre élève ait été plus marqué. Pour beaucoup, les comportements atypiques sont de plus en plus contrôlés avec le temps, ce qui n’est pas forcément une bénédiction, mis à part pour l’intégration. J’ai très vite compris que je ne devais pas me balancer, que je devais regarder dans les yeux, ne pas me taper la tête au mur ni m’automutiler, et aussi qu’il ne servait à rien de « rire intérieurement », qu’il fallait que cela se voit :D etc, du moins, en public. Il m’a fallu des années pour parvenir à contenir certains comportements. Je comprends seulement maintenant que je suis allée trop loin et que tous ces efforts ont été dévastateurs. Reste à trouver un juste milieu désormais. 
Du coup, il est vrai que lorsque j’entends que j’ai l’air normale et que je dois certainement être en plein délire quand je dis que je souffre du syndrome d’Asperger, je me dis que non seulement camoufler mes comportements m’a coûté bien trop d’énergie, à tel point que je ne sors quasiment plus, et qu’en plus, je souffre le martyre lorsque quelqu’un me dit que je n’ai pas l’air autiste..... Je me suis mise toute seule dans une sorte d’impasse. 
Maintenant, il est vrai qu’il existe plusieurs formes d’autisme, plus ou moins visibles. Pour moi, mais cela n’engage vraiment que moi, le syndrome d’Asperger est une forme d’autisme. J’ai l’impression qu’il n’a de léger que le fait qu’il se remarque moins. D’ailleurs, des années avant que je n’en entende parler, je m’étais dit que je devais forcément être une autiste qui par une sorte de « miracle » était parvenue à « s’en sortir ». Alors quand je dis en sortir, je veux dire que j’étais parvenue à aller vers les autres, et communiquer. Lorsque je suis prise de sortes de crises incontrôlables, j’ai toujours la sensation qu’il n’y a plus de différence entre les différents types d’autismes. Je me retrouve totalement prisonnière de mon corps, incapable de raisonner, d’établir le moindre contact avec qui que ce soit. Mon existence n’est plus qu’intérieure ; ma souffrance devrais-je dire. 
(Mon commentaire part dans tous les sens..... j’espère être claire et ne pas donner l’impression d’être en colère ou méprisante, ce n’est vraiment pas mon intention. J’ai juste besoin que les gens comprennent à quel point c’est difficile. Difficile parce que je voudrais vraiment être capable de vivre comme tout le monde et que malheureusement, mon corps me rappelle toujours que c’est impossible. 




























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