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Commentaire de N

sur La plaie des « faux » autistes


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N (---.---.186.241) 28 octobre 2016 00:31

@tf1Groupie

@tf1Groupie

Je ne pense pas que les personnes qui font passer les diagnostics donnent un diagnostic d’autisme pour donner une réponse, un peu comme par pitié. Ce serait ridicule et pour eux et pour la personne concernée. Personnellement, j’ai toujours été très lucide sur mes difficultés et ce nom qui a été mis sur mes difficultés cadre totalement avec ce que je vis. Je n’attendais pas de la pitié et une réponse qui me fasse « plaisir » ; juste leur avis, et quel qu’il soit, j’aurais fait avec, puisque j’ai fait ainsi pendant 30 ans. Je n’espérais plus rien d’ailleurs, c’est enfant que j’aurais eu besoin de savoir. J’ai passé des nuits et des nuits à me répéter inlassablement que j’étais handicapée... pendant des années. Personne ne me l’avait jamais dit, mais je le voyais et le ressentais quand je regardais les autres. Quand je n’étais pas obsédée par les cailloux dans la cour, je me perdais dans la notion d’infini. Je ne comprenais pas ce que faisaient les autres enfants, je ne m’intéressais pas à leurs jeux ; d’ailleurs, au début de ma scolarité, je n’avais même pas conscience de leur présence. 

C’est le hasard qui a fait que j’ai entendu parler du syndrome d’Asperger très récemment. J’ai fait confiance aux personnes spécialisées dans ce domaine et je pense que j’ai eu raison. Beaucoup de personnes ne recevant pas le diagnostic d’autisme reçoivent des pistes à étudier à la place. Je parle d’un diagnostic au CRA, qui ne repose donc pas sur l’avis d’une unique personne mais d’une équipe vraiment spécialisée dans ce domaine. Et le diagnostic se fait sur une multitude de symptômes. Il ne suffit pas de correspondre à quelques critères. Bon nombre des symptômes sont très lourds à porter. Jusqu’à mes 22 ans, je me suis demandé tous les jours comment mon cœur pouvait continuer de battre et que s’il avait la moindre décence, il s’arrêterait de lui même. Je n’ai pas la sensation de vivre, mais juste de survivre, pour ’faire plaisir’ à mes proches. Si ça ne tenait qu’à moi, j’aurais laissé tombé il y a bien longtemps et fait une croix sur des années de migraines terribles, de crises de tétanie à répétition, d’automutilation, de torture psychologique auto-infligée pour « cadrer » à ce que l’on attend de moi. Et pas même le droit à ce qui me semble naturel chez les autres. Je suis totalement étrangère à la notion de l’amour par exemple, qui semble pourtant être une préoccupation importante dans la population... (je ne parle que de mon expérience personnelle, car j’ose espérer que d’autres s’en sortent mieux que moi, et je pense que c’est le cas heureusement) C’est pour ça que j’ai tendance à réagir très mal lorsque je peux entendre quelquefois que le diagnostic ne sert à rien, que ça ne changera rien et que c’est peut être même un nom donné à quelque chose qui n’existe pas :( C’est extrêmement violent à entendre. 
Enfin, pour être touchée par le syndrome d’Asperger, je vais me permettre de dire (mais ça n’engage que moi) que ça me semble réellement être une forme d’autisme. Mes comportements lorsque je suis isolée sont proches de ce que les gens imaginent lorsqu’ils pensent aux autistes « typiques ». Mon apparence de normalité ne tient pas longtemps, pas à grand chose non plus, et ne reste qu’une apparence. 

Je crois bien avoir été un peu blessée par quelque chose ;) , mais il faut que je travaille là dessus de toute façon. Et puis, si je n’y parviens pas, à l’avenir, je tenterai de fermer les yeux lorsque je tomberai sur un article qui mentionne le terme de « faux autiste ». ;) 

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