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Commentaire de Alain SOULOUMIAC

sur 1. LE SENS DE L'EUROPE


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Alain SOULOUMIAC Alain SOULOUMIAC 28 octobre 2016 15:12

Universelle ou pas universelle

Pas plus que la sphéricité de la terre, l’unicité de l’univers n’était évidente. Comme le dit un de nos lecteurs, chaque être humain est un univers qui voit le monde à sa manière. Je ne sais si tous les détails de l’histoire que j’ai contée sont exacts. Est-ce que ce Pharaon a réellement existé ? cela paraît hors de doute. Est-ce qu’il a introduit une religion fondée sur une divinité unique ? cela paraît établi aussi. Est-ce que cette unicité de Dieu, et par conséquent de l’univers, change la vision du monde et les rapports entre les êtres humains ? La réponse est également positive.

Freud a eu très tôt l’intuition d’une relation entre Moïse et Akhenaton ? Il n’existe aucune preuve historique formelle de cette relation. Il ne s’agit que de suppositions. Je n’entendais pas prendre parti sur telle ou telle question religieuse. Au contraire, j’ai voulu mettre en évidence les convergences que j’ai rencontrées en écrivant cet article.

Il est toujours bien difficile dans l’histoire de démêler le vrai du faux. Tel n’était pas mon propos. Je voulais seulement souligner le cheminement qui a conduit l’Europe à découvrir, en poussant la logique du monothéisme plus loin que la limite de ses extrêmes, dans l’universel une formulation laïque qui prend pour base une communauté permettant de rapprocher tous les êtres humains. A cet égard, la citation de Saint Paul est lourde de sens. Elle contient en germe l’égalité de tous les citoyens. Je suis surpris que ce point n’ait pas été relevé. Avant qu’une religion ne reprenne ce nom, le mot grec « catholique » signifiait déjà universel. Sur ce point, il n’y pas de doute non plus.

Certains lecteurs insistent sur la filiation qui existe entre les religions monothéistes. La filiation entre les religions juives, chrétiennes et musulmanes est évidente. Toutes, avec parfois quelques nuances, sont fondées sur l’Ancient testament. Personne ne peut nier que Jésus Christ était juif et que Mahomet reconnaît Jésus comme messager d’Allah.

L’actualité nous montre que la religion supposée réunir les gens les divise parfois au-delà du raisonnable. Mais d’où vient ce parfois ? Sur de très longues périodes les religions s’entendentdans l’ensemble assez entre elles. Sur d’autres, la haine se déploie et s’exprime sous la forme d’abominables gestes (Saint-Barthélemy). Sans doute la religion n’est-elle qu’un prétexte pour dénoncer ce qui est perçu, parfois plus à raison qu’à torts, comme des injustices invivables. Si tel est bien le cas, l’intelligence devrait permettre de trouver des solutions pour inverser les tendances négatives. Et ceci rejoint les questions fondamentales que certains autres lecteurs soulèvent en nous proposant d’examiner ce qui se passe réellement à l’intérieur de l’Europe – ce qui est justement mon objectif.

J’espère y revenir dans un second article.

Après la révolution de 1789, avec l’universel laïc, la religion n’est pas niée, elle est simplement mise à part. Admettre l’existence du fait scientifique en découle. Il existe parce qu’il est une « vérité » observable et vérifiable par tous et qui peut éventuellement être contredite. La force d’une civilisation qui prétend à l’universel est considérable. Elle regarde les autres, elle se regarde elle-même, elle se remet en question en prenant pour référence l’hypothèse qu’une vérité universelle existe en dehors d’elle.

C’est en s’appuyant sur l’excellence de cette référence que le monde global a pu se construire, que l’économie mondiale a pu converger vers des intérêts communs, que la tension des guerres a été diminuée. Car il ne fait pas de doute que la situation actuelle, en particulier à l’intérieur de l’Union européenne, serait bien pire si l’universalité n’avait pas pu prendre l’emprise qui est aujourd’hui la sienne.

Aujourd’hui cette référence universelle semble reculer, les anglais ont émis le souhait de quitter l’Union, des majorités se dessinent autour de revendications similaires chez les autres peuples, les micro-communautarismes religieux gagnent en puissance, la monnaie commune est dénoncée… L’Europe ne répondant plus aux espérances, certains acteurs politiques prennent appui sur ces divergences et ces mécontentements pour alimenter leur carrière.

Est-ce la doctrine universaliste qui est mise en cause ? Où est-ce l’Union européenne qui n’a pas su la servir ? Dans le prochain article, je tenterais d’apporter des éléments de réponse à cette question en tentant d’évaluer si les inflexions de l’UE par rapport à sa propre doctrine ne constituent pas la cause fondamentale du discrédit qui la frappe. Auquel cas des remèdes seraient possibles ?

Evidemment, m’objectera-t-on, on connaît d’avance les réponses. On voit bien où vous voulez nous emmener. Ma réponse à ces objections est la suivante. 1/ Je crois en effet que l’analyse ne manquera pas de mettre en évidence l’importance des inflexions observées depuis deux décennies. 2/ Mais je n’ai pas encore identifié toutes ces inflexions. 3/ J’ai vécu et éprouvé beaucoup d’entre elles. C’est dans ces expériences et dans ma perception que devrait résider l’intérêt du prochain article.


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