Pourquoi faut-il toujours revenir sur des mots que l’on n’a pas écrits... Ai-je dit que les premières victimes de la spéculation immobilière des années 80 furent les immigrés ? Non. J’ai parlé d’une « frange importante » parmi cette population qui a été touchée de plein fouet. Il me semble que ce n’est pas la même chose. Quant aux spéculateurs que vous cherchez peut-être à dédouaner, (allez donc savoir pourquoi), ils n’ont rien anticipé du tout. Ils ont fait leur boulot de spéculateurs, et c’est tout. Pour ce faire, ils ont habilement utilisé un discours politico-économique en vogue chez nos décideurs de l’époque pour fustiger « l’injustice sociale » des loyers de 48. Ils ont ainsi créé un besoin de nivellement en dressant deux franges de population populaire l’une contre l’autre, avec d’un côté ceux qui payaient un loyer au prix du marché et de l’autre ceux qui profitaient indûment de cette inique loi de 48. Aussi extraordinaire que cela puisse paraître, ils ont réussi à mettre des tas de gens à la rue en les traitant de profiteurs...
La première vague de spéculation a été le fait de professionnels de l’immobilier, syndics, cabinets immobiliers, cabinets d’assurances, conseils en investissements, petits rentiers bricolant à la va vite deux ou trois S. C. I. Tous ont travaillé en cheville avec des entreprises du bâtiment qui avaient pignon sur rue et qui disposaient d’un roulement de liquidités suffisant pour le bon fonctionnement de la manoeuvre. Les bobos ne sont arrivés sur les lieux que bien plus tard. Mon propos n’était pas de désigner un méchant, mais de rappeler un système et des faits qui pèsent aujourd’hui encore sur notre société.
Je vous ferai grâce de dire ici où j’ai passé mon enfance. Sachez seulement que « vous n’avez pas le monopole » du misérabilisme. Il me semble cependant qu’en abordant un sujet de société, il n’est pas nécessaire d’en faire étalage. Patrick Adam