Bon,
eh bien maintenant que les résultats sont tombés, et que le non l’a
emporté plus largement que les sondages le prédisaient, il est
temps de revenir sur ce que les présupposés de l’article avaient
d’erronés, pour ne pas dire de surréalistes. D’abord, une grave
erreur était faite, l’auteur supposait que l’UE cherchait à
affaiblir les États membres par le biais des régions, en veillant à
augmenter leurs pouvoirs, rengaine ressortie complaisamment par les
souverainistes de tout poil. Or la réforme constitutionnelle
n’était pas du tous en faveur des régions, au contraire elle
cherchait à les affaiblir. Renzi est un jacobin pur sucre, une
tradition qui n’a pas disparu en Italie et essaye régulièrement de
refaire surface.
Des
leçons assez similaires doivent être tirées des tentatives de
rabaisser le parlement et d’instaurer un mode de gouvernement
reposant sur la primauté de l’exécutif, au nom de l’ "efficacité
du gouvernement". Si elles peuvent paraître aller dans le sens
des desiderata de certaines élites de l’UE, le rabaissement du
parlement est d’abord une invention française, réalisée dans ce
pays et portée à un point plus achevé qu’ailleurs par le dirigeant
le plus anti-européen de l’après-guerre ; à savoir, Charles De
Gaulle en personne. Dans les autres pays européens, les parlements,
s’ils ont été confrontés à une érosion de leur influence, se
portent mieux qu’en France – et mieux qu’on ne le dit en France.
Renzi voulait en venir à un modèle jacobin de pouvoir moniste, à
tendance autoritaire, il y avait une certaine logique entre sa
volonté de centralisation tant au niveau central qu’à celui des
relations entre centre et périphérie. C’est bien l’inspiration du
modèle français et souverainiste qui en a pris un coup et a été
rejetée par les électeurs italiens.
C’est
certes dommage pour la tentative de réforme générale de l’Italie,
qui partait de bonnes intentions, et initialement Renzi s’était
attaqué à de sérieux intérêts parasites. Mais il était allé
trop loin, et en avait profité pour tenter d’identifier sa lutte
contre ces privilèges avec celle en faveur de sa conception
autoritaire.
À
vrai dire, ce n’est pas la première fois que le discours
simplificateur des souverainistes s’emmêle les pinceaux. Ainsi, ils
avaient ressorti leur antienne au sujet de la promotion des régions
par l’EU aux ordres des USA et de l’OTAN (affirmation qui constitue
une autre vedette de leur grille d’analyse simpliste) sur le
référendum sur l’indépendance de l’Écosse, alors que tant les USA
que l’OTAN étaient clairement opposés à cette indépendance. Le
Brexit allait aussi à l’encontre de leur doxa, en ce que le
Royaume-Uni avait toujours été présentée par cette dernière
comme étant le cheval de Troie de l’influence des USA en Europe. Or
ce sont clairement les pro-états-uniens et les pro-OTAN de tout
poil, et autres tatchériens en diable, qui ont très majoritairement
soutenu le Brexit.