L’auteur
de l’article s’inquiète beaucoup trop du devenir d’une juridiction
dont la compétence en matière civiles et jusque pénale n’est de
toute façon nullement exclusive ni suprême ou ultime, toutes étant
de plus en plus entravées par et partagées avec l’administratif.
Institution qui ne s’est d’autre part jamais montrée indépendante
de l’exécutif, au même titre que l’ensemble des tribunaux
judiciaires inférieurs. Tous ces tribunaux s’étant révélés très
serviables envers le gouvernement et ses séides tout au long de leur
histoire.
La
réforme en question ne vise pas à mettre formellement la Cour de
Cassation sous le contrôle direct du gouvernement, ce qui ne serait
de toute façon guère utile. Le contrôle administratif de
l’organisation de la Cour imposé par le décret s’inscrit
dans la tradition institutionnelle française, toute autre
juridiction importante étant déjà soumis à cette inspection des
services judiciaires, y compris le Conseil d’État, qui certes n’est
pas indépendant (il est vrai qu’il organise par contre lui-même
l’inspection des tribunaux administratifs, une prérogative
exorbitante). La Cour de Cassation rentrant ainsi simplement dans la
norme. Certes, on peut aisément envisager que cette inspection par
les services du ministère ajoute des possibilités indirectes de
faire pression sur les magistrats (encore plus si le Conseil d’État
vient s’en mêler), mais encore une fois, il n’y en a guère besoin
vue la grande déférence qu’ils observent envers les désirs et
intérêts de l’exécutif.
La
réaction de deux des plus hauts magistrats de la Cour de Cassation,
ne paraissant ainsi pas relever de raisons éthiques, doit
s’interpréter comme relevant d’une réaction purement corporatiste, à
moins qu’il ne s’agisse d’un nouvel exemple où des fonctionnaires
français s’offusquent de ce qu’on ose remettre en cause leur
servilité.