• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de JP94

sur Les enseignants : fossoyeurs de l'Occident


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

JP94 14 décembre 2016 16:51

Dire que les enseignants se préoccupent avant tout de leurs salaires et bougent sitôt qu’on y touche, tandis qu’ils se contreficheraient des programmes est doublement faux, et témoigne de votre part d’une méconnaissance certaine - mais après tout pas si différente de celle que vous entendez dénoncer, car fondée sur une analyse « par le petit bout de la lorgnette » à savoir sans prendre en compte le phénomène dans sa réalité sociale. 


Les enseignants ne bougent absolument pas pour leurs salaires, qui sont bloqués depuis 2010 et 7 ans après bientôt, on attend toujours des grèves massives à ce sujet... ça ne bouge pas !

Et c’est cette inertie qui incite le gouvernement à appliquer des réformes inspirées de think thanks pro-UE ou pro-EU en sachant parfaitement que ça râlera peut-être un peu, mais sans plus.

Les enseignants qui ont bougé massivement sont les profs de CPGE, et là ça s’est vite réglé, le gouvernement a reculé - heureusement.

En bon libéral, vous opposez de façon volontairement contradictoire le respect des statuts de la Fonction publique et l’efficacité du Service public.
Or comme dans toute entreprise, au contraire, les deux sont corrélés : un salarié qui a de bons statuts et un bon salaire est plus efficace qu’un salarié précarisé. 

On parle peu du système scolaire cubain, le premier d’Amérique - et pourtant dans un pays soumis à un blocus inhumain depuis son existence - simplement pour le soumettre.
A Cuba, 15 élèves par classe au collège
20 élèves par classe en primaire.
59% de bacheliers et pas des bacheliers de pacotille, qu’on occupe pour ne pas les avoir dans la rue.
Une formation en médecine qui situe Cuba dans le peloton de tête mondial. (avec juste 11,2 millions d’habitants - soumis au blocus je le rappelle).
Aucunes inégalités (tout ceci souligné par les instances internationales).

Revenons-en à l’orthographe française : c’est vrai que ce que l’on observe peut affliger, surtout si l’on est conditionné comme on l’est en France par l’importance de l’orthographe comme corrélée à une belle langue, voire à une affirmation de classe. Pour ma part je suis aussi très sensible à une bonne orthographe ( hélas qui décline avec l’âge) mais aussi et c’est plus subtil à définir, à une belle langue.
Et de ce point de vue je vous rejoins, nos présidents sont affligeants. Leur orthographe, je ne puis en juger, mais leur langage est déplorable par son niveau.

Mais prenez l’exemple d’étudiants allemands écrivant en anglais, et vous constaterez que leur orthographe est déplorable, inimaginable pour un Français ( mon fils ingénieur a pu le constater pour pas mal de ses condisciples lors de ses études à l’étranger).
L’orthographe des élèves américains est mauvaise.
Etc etc ...
Et ayant étudié (les maths ) il y a quelques décennies, j’étais déjà frappé à l’époque par le faible niveau de français des étudiants en maths... rien de nouveau.

Pour les enseignants, les dénoncer comme fauteurs de la baisse du niveau de connaissances, c’est vraiment prendre les conséquences pour les causes.
Ils constatent eux-mêmes la baisse, peuvent même pour certains banaliser le fait de ne pas maîtriser parfaitement l’orthographe ou certaines connaissances. 
Mais ils sont le fruit de cette société et ce qu’on pourrait leur reprocher serait plutôt de ne pas avoir conscience des luttes à mener.

Ils ne luttent pas pour des salaires plus justes ( dans l’UE, le Pouvoir d’achat des enseignants a augmenté de 1995 à 2010 de 15% en moyenne, tandis qu’il baissait de 15% en France ). Je ne vais pas reproduire ici toutes les statistiques sur l’évolution du PA des enseignants dans l’UE, mais les enseignants français ont beaucoup perdu en quelques décennies : pas loin de 45%, à ancienneté égale. 

Et les réformes ne sont pas un vernis, elles s’attaquent profondément au système éducatif français - comme au reste - et ne feront que le faire descendre plus bas encore, au lieu d’en corriger les caractéristiques critiquables ( inégalités etc °.

Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès