J’ai relevé ceci :
- "Nous sacrifions une partie de notre vie au travail pour obtenir un
salaire qui nous permettra de consommer et vivre décemment pendant notre temps
libres."
Si jamais cette philosophie est bien celle de celles et ceux qui
préfèrent abandonner les sans « travail » sous les ponts gelés plutôt que
de accorder un RME trop ’capitaliste’ à leur goût, merci à eux d’oser
enfin l’avouer !
Mais alors côté cohérence et agilité intellectuelle, ce n’est pas très reluisant ! ...
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L’idéologie (trop souvent mal conscientisée
par ses propres adeptes) est révélée (à la fois véhiculée et trahie) par les mots qui la fondent.
Retenons ici ces deux mots-pièges/fourre-tout/attrappe-nigauds :
* travail * temps libre
... et essayons de suggérer en express qu’il serait bien plus
constructif, bien plus clair et plus sensé de débattre à partir de ces
deux autres mots :
* ’corvées’ et ’otium’ (= en gros - pour les fainéants qui ne chercheraient pas à approfondir l’exploration des nuances - :
loisir studieux )
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- Le fait d’associer le mot ’sacrifice’ à ’notre vie au travail’ contredit l’idée, galvaudée par ailleurs, que ces ’travailleurs’ voient vraiment le travail comme une ’valeur’ !
-
Ce qui est corroboré par le fait que la motivation évoquée pour le
’travail’ n’est pas d’abord de s’épanouir, mais, en tout premier plan de
consommer (! !!) et, seulement ensuite, de survivre (vivre décemment) !!
- De plus il est même déclaré que l’objectif avoué, se réduit à vivre décemment ... uniquement ’pendant notre temps libres’ ( J’imagine que le ’s’ inattendu laisse entendre : le seul temps durant lequel nous sommes libres !) .
Bel aveu de concession à l’esclavagisme !
Comment une telle stratégie de ’petits joueurs’ peut-elle arriver à séduire autant de donneurs de leçons ?
Comment imaginer pouvoir ’vivre décemment’ en pointillés, sachant que
les temps de pointillés (hors travail) sont eux-mêmes pourris par le
souci de ne servir qu’à préparer/réparer la diponibilité servile vécue
comme non libre ? !
Pour abréger, encore une fois, renvoyons à
l’ouvrage concis et limpide du grand logicien et philosophe Bertrand
Russell : ’In praise of idleness’ , dont le titre peut être traduit par :
’éloge de l’otium’
( En gros :
- d’accord pour la nécessité morale de devoir partager les corvées
-
mais ce qui a permis le développement culturel et civilisateur, ce qui
fait la fierté de notre humanité, n’est pas à imputer à la chimère
’travail’, mais au temps gagné par toutes les générations précédentes
pour plus d’otium !
)