S’il est fâcheux de corriger des fautes, il l’est encore davantage de voir la langue de Molière maltraitée. Molière qui d’ailleurs écrit ce qui suit dans sa pièce Les Fâcheux (même si le fâcheux en question est ici Caritidès, l’auteur d’un placet au roi, Molière exprime aussi par son entremise son amour de la langue correcte. Il ne faut pas oublier que Molière vénérait la tragédie cornélienne, donc de grande qualité littéraire.
Acte III , scène II .
Caritidès.
C’est pour être instruit : monsieur, je vous conjure.
Au roi.
« sire,
Votre très-humble, très-obéissant, très-fidèle et
Très-savant sujet et serviteur, Caritidès, françois de
Nation, grec de profession, ayant considéré les grands
Et notables abus qui se commettent aux inscriptions
Des enseignes des maisons, boutiques, cabarets, jeux
De boule, et autres lieux de votre bonne ville de Paris,
En ce que certains ignorants compositeurs desdites inscriptions
Renversent, par une barbare, pernicieuse et
Détestable orthographe, toute sorte de sens et raison,
Sans aucun égard d’étymologie, analogie, énergie, ni
Allégorie quelconque, au grand scandale de la république
Des lettres, et de la nation françoise, qui se décrie
Et déshonore par lesdits abus et fautes grossières
Envers les étrangers, et notamment envers les Allemands,
Curieux lecteurs et inspectateurs desdites
Inscriptions,... »
Éraste.
Ce placet est fort long, et pourrait bien fâcher...
Caritidès.
Ah ! Monsieur, pas un mot ne s’en peut retrancher.